Gaby & Topy

Invité

Les douze coups de midi se font entendre du haut de l’église de Burlington et de mon cabinet, je n’avais aucun mal à entendre ce con significatif. Pour cause, celui-ci reflète les gargouilles de mon ventre et annoncent mon moment préféré de la journée : l’heure du repas. Ai-je oublié de préciser que je suis un ventre sur pattes ? Je jette un coup d’œil à mon agenda, et voit un nom très familier qui me fait immédiatement sourire, sans doute ma patiente préférée. Je range rapidement les quelques affaires qui trainent sur mon bureau avant de rejoindre le secrétariat. Bon, on pourrait croire que vu que j’ai ma propre assistante, je suis méga populaire en tant que psychiatre. C’est pas totalement faux mais bon, c’est surtout que j’ai plusieurs collègues et afin de ne pas être dérangé durant les consultations, nous avons engagé une secrétaire commune. Bref, on s’en fout du fonctionnement technique du cabinet. Je me dirige vers la salle d’attente et fait la bise à Gabrielle dès que je la vois.

« Une consultation à cette heure ? Avoue, tu voulais qu’on aille déjeuner ? »

Je plaisante bientôt, me posant réellement la question de savoir si c’était pour sa consultation habituelle ou en tant qu’amis.

« Ou mieux, tu m’as préparé un bon petit plat c’est ça ? »

Bon, je crois que je peux toujours rêver mais bon…

Invité

Gina, Mina... dans tous les cas, vire la !

Toto et Gaga xD

« Bonjour Gina, c’est moi... Non, ce n’est pas Mina… Quoi ? Ah c’est vous Mina … d’accord, d’accord, d’accord, mais je suis qui moi, alors ?... Quoi ah ben non évidemment que vous ne savez pas pas pas !... »

Furieuse, Gabrielle raccrocha. Cet échange avec la secrétaire de Topaze était à l’image de la dame qui prenait les rendez vous. Toujours cet air pincé sur le visage, s’offusquant toujours pour une erreur d’une seule lettre dans son prénom ! Gina, Mina,… c’était du pareil au même ! Néanmoins, la secrétaire finissait toujours par embrouiller la patiente si bien que le premier coup de téléphone se terminait de la même manière. En catastrophe. Pourtant, comme à chaque fois, Gabrielle se refusait de rester sur cet échec et recomposait le numéro...

« Allôlololo ! Oui, c’est Gabrielle Hardy ! Je veux vérifier que Monsieur Everfield … Non, mais laissez moi finir ! Mais… elle a raccroché ! »

Claquant on téléphone dans sa tasse de thé, elle quitta le snack sans même remarquer les regards interloqués qui s’étaient posés sur elle. Pourtant, elle était devenue une habituée des lieux, à force de venir prendre des thés. Et à chaque fois qu’elle téléphonait à la dénommée Mina, la conversation se terminait toujours dans un tourbillon arc en ciel claquant la porte en sortant. Une scène qui cette fois s’accompagnait d’une noyade de téléphone portable… Bien, le serveur le mettrait dans du riz en attendant le retour de la demoiselle, mais rien n’assurait que ça suffise à ressusciter l’appareil. Mais qu’importe, pour le moment Gabrielle n’y pensait même pas tandis qu’elle traversait les rues d’un pas décidé.

Pourtant, à peine eut-elle traversé deux rues que l’odeur de pizza chaude lui fit oublier ses tourments. Il serait bientôt midi, à n’en pas douter Gina aurait prévenu Topaze de l’arrivée de sa folle de cliente…. Autant lui ramener de quoi diner !

Il n’en fallu pas plus pour qu’elle se décide à passer commande, prenne les boissons adaptée et reprenne la route. Elle n’avait pas de temps à perdre, il y avait tant de choses dont elle devait parler. De toutes les personnes l’entourant, Topaze était probablement la personne en qui elle avait le plus confiance. Son regard critique, son esprit vif et son équilibre mental le rendait plus que qualifié pour contrebalancer ses bizarreries. Et puis, il fallait bien l’admettre, il la connaissait peut-être mieux qu’elle-même.

Enfin, avant ça, il fallait surtout qu’elle aille à son rendez-vous, qu’elle réussisse à passer la harpie qui servait de secrétaire à son psychiatre et tout ça sans laisser voir la pizza qu’elle avait caché dans son sac à dos.
Heureusement, à peine eut-elle posé le pied dans la salle d’attente que son sauveur sorti de son bureau pour la saluer. Immédiatement, la jeune femme sourit comme un enfant un matin de Noël et l’embrassa chaleureusement pour le saluer à son tour. Cet homme ne cessait de la sauver d’elle-même et lui permettait de garder les pieds sur terre. Il était à la fois son ami et son super héros. Comment ne pouvait-elle pas être ravie de le voir ?

« Comme je suis heureuse de te voir ! Mais en vérité… » S’approchant un peu plus de lui pour chuchoter de manière à ce que la secrétaire ne puisse pas l’entendre. « Il faut que nous allions sur le toit ! »

Plissant les yeux, elle essaya le langage codé connu d’elle seule, qui se voulait discret mais qui en réalité ressemblait à un mime grotesque. Pour autant, elle ne cessa de gigoter, lançant des regards de tueuse à la secrétaire au passage. Un spectacle qui devait être bien étrange pour la secrétaire innocente…

AVENGEDINCHAINS

Invité

La secrétaire ne s’était pas fait prier, dans la matinée pour me faire comprendre que le coup de téléphone de ma patiente préférée l’avait énervée au plus haut point. Dès qu’on écorche son prénom, c’est limite la fin du monde et connaissant Gaby, je n’ai aucun mal à imaginer ce qui a pu se passer. J’avais souris en coin, lui expliquant une nouvelle fois qu’elle travaille dans un cabinet de psychiatrie et donc que les patients ont diverses maladies, ce qui ne les rend pas forcément aussi aimables ou normaux que ceux qu’elle pourrait avoir en étant secrétaire d’une concession automobile. Elle est très compétente, qu’on ne se le cache pas, mais parfois, elle a un comportement qui n’a rien à faire dans ce milieu, ce qui me désole. Bref, on n’est pas là pour déblatérer sur Mina pendant des heures…

Comme je vous le disais, je viens de faire la bise à Gabrielle et après quelques plaisanteries, je suis près à lui indiquer le chemin vers mon cabinet qu’elle connait si bien. Sauf qu’elle s’approche de moi et me murmure quelques paroles à l’oreille, ce qui a tendance à me faire rire intérieurement, même si cela indique également que son état ne s’arrange pas. Comme on dit : vaut mieux en rire qu’en pleurer, sinon on n’en fini pas. Néanmoins, cela ne veut pas dire pour autant que je comprends où la jeune femme veut en venir car les consultations sur le toit, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes.

« Viens, on va aller dans mon cabinet. Tu seras à l’abri là-bas et personne d’autre ne pourra nous entendre ou nous voir. »

Je ressens ce besoin de lui expliquer en longueur mes intentions et la sécurité que nous procurera mon bureau. Je lance un coup d’œil à Mina qui doit véritablement se poser un tas de questions. Pour soulager les deux femmes à la fois, je finis par prononcer : « Vous pouvez aller déjeuner Mina. Bon appétit. » Un léger sourire à son attention et je retourne vers miss multicolor, en espérant que la secrétaire loin, elle se sentira mieux. J’accompagne ma patiente dans le cabinet et ferme la porte, l’invitant à s’installer.

« Qu’est-ce que tu voulais me dire de si important ? »

J’ai l’impression qu’elle essayait de me dire quelque chose de confidentiel puisqu’elle désirait aller sur le toit, mais peut-être que je me trompe. L’avenir le dira. Néanmoins, avant toute chose, je préfère remettre quelque chose au point.

« Tu sais, il ne faut pas en vouloir comme ça à la secrétaire. Elle ne fait que ce que je lui demandes, que son travail. Elle ne te connait pas aussi bien que moi alors elle ne peut pas tout savoir. »

Un dernier clin d’œil à la jeune femme.