Un confrère à la gueule d'ange - Pv Mon Damdam

Si, on venait à lui poser la question. Loukas dirait simplement que la vie est une chienne. Que parfois, tel un os, elle ronge votre bonheur pour ne vous laisser que chagrin et tristesse. Évidemment, il ne voit pas tout en noir. Il de ce genre à voir le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein. Pessimiste certainement. Notre grand jeune homme brun, au corps parfaitement bien dessiné. Qui possède un regard couleur noisette parfois très expressif face à certaines situations pense ne pas mériter ni même attendre grand chose de la vie. S'étant, trop jeune à l'époque pour faire face aux blessures de la vie, entouré de cette étrange barrière invisible pour sceller son cœur. Le jeune avocat a cette peur de l'autre. Non pas dans les échanges qu'il estime normal ou ordinaire mais le genre d'échange où l'on peut voir que l'autre vous porte un certain intérêt. Il a d'autant plus peur s'il parvient à lire dans le regard de l'autre que la personne peut parvenir à se projeter avec lui dans une vie de couple. Le plus paradoxale dans cette histoire est qu'au fond, il aimerait avoir une telle vie. Pouvoir rentrer le soir et retrouver son homme. Que ce dernier puisse s'être occupé du chat et avoir fait les courses. Qu'il puisse l'attendre allongé dans le canapé à moitié nu tout en lui adressant un regard de biche lorsqu'il franchirait le pas de porte. Prendre une douche crapuleuse avant de devoir affronter une journée de travail. Que cet homme puisse lui parler voyage, mariage et pourquoi pas enfant mais pour l'instant, tout ces désirs restent comme en sommeil, comme des interdis. Maître Grey ne peut pas vivre de telles choses car il pensent fortement que la souffrance en découlera obligatoirement.

De la musique qui donne une ambiance sympathique à l'endroit sans pour autant rendre sourde n'importe quelle personne voulant simplement boire un verre. Des groupes d'amis autour des tables rondes pour facilité l'échange. Un petit espace dégagé pour que certains puissent danser. Un peu plus tard en soirée, le lieu proposerait même de quoi se restaurer. L'avocat allait trainer un peu en ce lieu ce soir pour éviter de rentrer chez lui et d'être confronter à cette solitude qu'il s'impose. Il faut dire que malgré son physique avenant, sa beauté masculine et son potentiel séduction. Loukas donne bien rapidement l'air d'être renfermé, froid, peu sociable. Plissant son regard dont la couleur sombre parvient à accentuer les traits de son visage lorsqu'il veut chasser toute personne essayant de l'approcher. Il préfère nettement passer pour le gros con de service plutôt que de laisser croire à certaines personnes qu'ils avaient la moindre chance d'entrer dans sa vie. Alors oui, il est paradoxale. Vouloir être aimer mais ne pas souffrir. Il aimerait tellement trouver l'homme qui aurait les couilles d'essayer de briser sa carapace. Cet homme qui aurait les couilles d'affronter son mauvais caractère en osant parfois lui dire qu'il a tort ou qu'il puisse fermer sa gueule pour se laisser faire. Un homme qui puisse aimer son côté sombre, froid et qui ne parle que rarement de ce qu'il ressent. Un homme qui serait assez intelligent pour lire en lui sans qu'il ne doit toujours mettre un mot sur un geste ou une intention.

« Un whisky. »

Une voix grave, suave car il sait qu'il possède ce fort capital séduction. Un simple sourire, pinçant ses lèvres afin de faire rougir la serveuse de l'autre côté du bar. Surtout qu'il ne laisse pas voir ou entendre qu'il puisse être homosexuel. Loin d'être une grande folle. Il est grand, une carrure solide taillée par le sport. L'avocat dégage une masculinité incroyable qui ne peut que laisser un dommage ou quel gâchis entre les lèvres féminines. Du moins, les hommes qui s'intéressent à lui ne s'en plaignent pas. Du moins, ainsi, malgré le ton froid et sec de sa voix, la jeune femme qui vint à lui donner un verre n'avait pas mal pris sa demande, ce fut tout le contraire. Pensant passer une soirée tranquille certainement à ruminer sa solitude. Il tournait sa tête en direction de l'homme qui venait de prendre place juste à côté de lui. Loukas soupirait fortement pour démontrer son soudain agacement.

« Maître Cole. » Il ne pouvait pas dire mieux. Il n'avait même pas envie de dire plus. Le jeune homme semblait si désabusé. Et surtout, il n'avait pas envie de tenir le crachoir à son confrère dans le monde de la justice.  

"Tu connais pas un endroit qui te fait sentir comme chez toi, mais où quelqu'un te sers à boire ?" Annonça Damien à son collègue sous un ton ironique, cherchant une bonne adresse de bar dans le coin. Damien n'avait pas trop envie de rester tout seul et renfermer chez lui, à picoler comme s'il venait de se recevoir un rateau la journée même. Il reconnaissait que c'est ce qu'il faisait parfois - parfois même accompagné d'une assiette complète de loukoums - en rentrant d'une dure journée au boulot ou après diverse rendez vous. Le brun s'est rendu compte qu'il semblait un peu trop las ses temps-ci, qu'il ne bougeait plus ou était très vite fatigué, alors qu'il exercait ce métier et avait ce mode de vie depuis bien longtemps. Il était bien habitué, pourquoi se plaignait-il comme un homme âgé ? Il avait pris du poids et la quarantaine le prenait petit à petit. À cette pensée, le Cole a décidé se reprendre en main. Et la première étape est un arrêt à un bon bar.
Damien se gara au parking et les clés de sa voiture tournoyant sur un doigt d'une main et l'autre dans sa poche, il entra dans le bar. Il était spacieux, pas bondé de monde mais pas vide non plus et l'ambiance était convenable. Quelques uns fumaient, d'autres avaient leur tables pleine de shooters et en était sûrement à leur neuvième à l'heure qu'il est, des acclamements et des applaudissements provenant de la petite foule d'amis autour d'eux, chacun une bouteille ou un verre à la main. Il aperçu également une ou deux petites tables de poker et l'ambiance au billard au fond de la salle battait à son plein. Vieux comme plus jeunes étaient là, et s'amusaient. De l'ambiance sans qu'il en fasse partit, c'est ce que Damien cherchait aujourd'hui. Il alla d'abord au comptoir pour s'y installer; son petit amusement viendra plus tard dans la soirée. Le Cole avait déjà capté deux ou trois petits minois au loin dont l'une d'elle deviendra sûrement sa cible et pour l'instant se contenta de les fixer du coin de l'oeil en se mordant la lèvre inférieure. Il remarqua cependant un dos familier au comptoir auquel il se dirigea et un sourire s'esquissant sur le visage. "Loukas !" s'exclama-t-il en posant une main sur les larges épaules du jeune homme. Il tira une chaise et s'asseya, les mains sur le comptoir et demandant une vodka absolut au barman. Le Cole allait fort dès le début, mais il était déterminé de s'amuser au plus vite, avant que toutes les sombres pensées ne le prennent sur le fait. "Maitre ? Voyons, pas de maître avec moi, ça me rappelle mon primaire." Répliqua-t-il dans un sourire légèrement amer au souvenir de quelques moments de son enfance. "Appelle-moi simplement Damien, on est pas en procès maintenant...si ? C'est vrai que parfois ça arrive de juger dans un bar aussi. " dit-il dans un léger sourire franc et les yeux légèrement amusés. Il n'était pas sûr que le jeune avocat avait compris à quoi il voulait se refferer - sûrement parce qu'un physique et un âge comme le sien, Loukas ne passait pas ses soirées au bar à écouter les problèmes des autres. Damien soupira à cette pensée, mais parfois il se dit que c'est beaucoup mieux que d'en avoir. Hakuna Matata, ça veut dire pas de soucis.
Le barman revient en main sa commande et Damien le remercia, profitant de ce moment pour regarder comment se portait ses petites cibles. À son grand désespoir, il se trouve qu'elles ont toutes été prise alors qu'il regardait ailleurs et le brun sirota un peu de son verre. Son attention se reporta de nouveaux aux belles prunelles de son jeune collègues, noisettes mais touchant vers l'amande - ce genre de couleur qui aux reflets du soleil deviennent vert - dégageait un regard froid mais quelque peu vide au fond alors qu'il sirotait son whisky. "Alors que t'amènes-tu ce soir à un bar seul ? Problème de coeur ? Ou justement, aucun ?" Damien commanda un autre verre, qu'il lui fût aussitôt rapporter mais aussitôt bu et redemander. Au bout de son quatrième, il pivota de nouveau vers le jeune homme. "Peu importe ce qui te tracasse, il n'y a qu'un remède à ça: des shots. Et c'est moi qui offre." Il leva légèrement la main et commanda pour les deux hommes sans attendre qu'il ne réponde.

Qu'est ce qui avait pu te pousser à pénétrer dans un tel lieu ?. L'alcool ? non pas vraiment car tu es du genre à siroter ton verre dans le confort de ton salon installé dans ton canapé afin d'éviter la présence des autres ainsi que les regards. Le fait, peut-être de ne pas être seul ou de te donner la sensation d'avoir une vie autre que le boulot. Tout était possible. On aurait pu te décrier comme un ours vivant dans une grotte. Ta meilleure amie, elle n'avait pas la moindre gène à te le mettre en pleine tronche. Comment un jeune homme comme toi pouvait se montrer ainsi. Distant, froid. Pourquoi avec un tel physique, tu étais seul. Est ce que tu es trop difficile ou tes attentes envers les autres sont trop grandes. Ton verre sous le nez, tu donnes l'impression de chercher une répondre dans la couleur ambré du liquide qui lui ne te répondra jamais. Te laissant seul face à tes questions, des doutes mais surtout ton raisonnement à la con.

Le simple fait d'être présent dans ce lieu entouré par des âmes vivantes est un effort presque surhumain pour toi. Non pas que tu n'aimes pas les autres. Tu les évites tout au plus préférant la solitude qui elle sait tellement bien fermer sa gueule. Au moins, seul, tu n'as pas à répondre aux questions qui tournent généralement sur ta vie, ton célibat. Lorsque cette main vient se poser sur ton épaule. Un contact humain, tu en restes surpris. Qui peut oser faire une telle chose. Basculant ma tête dans la direction de cette personne. Je constate l'identité de celui qui vient m'approcher. Un confrère quarantenaire avec lequel il m'arrive de travailler. L'observant un court instant, laissant mon sourcil droit se soulever. J'avoue ne pas comprendre sa première remarque. Restant silencieux pour ne pas cracher directement que ses années de primaires, je m'en cogne. Mon regard noisette ne le quitte pas. Je me demande pourquoi il se met à parler autant. Il est vrai que je ne peux nier l'envier. Parler aussi librement. Nous ne sommes pas des parfaits inconnus, loin de là même. Je suis bien plus loquace lorsqu'il s'agit de parler de droit ou de jurisprudence.

« Nous sommes tous juger qu'on le souhaite ou pas. » Venais-je à lui dire tout en reportant toute mon attention sur mon verre contenant mon whisky. Croire ou penser le contraire semble tellement utopique pour moi. Je me doute bien qu'on doit se demander pourquoi un type comme moi n'ayant pas encore trente ans. Qui a un physique plus qu'avantageux. Je suis certain qu'on doit me qualifier du gars qu'on ne laisserait pas dormir dans la baignoire ! alors on doit se demander la raison qui me pousse à fuir les autres. A ne pas jouer au connard en m'envoyant en l'air avec le premier venu en justifiant mon acte sur la fougue de ma jeunesse. Tu détournes ton regard, une fois encore vers lui, délaissant ton verre. Un moment de silence alors que tu te demandes pourquoi ton confrère vient jouer les psychologues avec toi. Il est vrai que la première fois où tu avais pu poser ton regard sur lui, il t'avait plu. Peut-être qu'un homme plus expérimenté dans ta vie aurait pu parvenir à t'ouvrir sur le monde extérieur. Peut-être même qu'un homme comme lui aurait pu te supporter et te faire comprendre certaines choses sur la vie de couple.

« Voilà bien longtemps que j'ai fait une croix sur ma vie sentimentale Damien. »

Et, tu es plus que sincère lorsque tu dis une telle chose. Tu penses ne pas pouvoir être aimer par quelqu'un. Que la personne qui sera capable de te supporter n'existe pas. Tu t'imagines presque vouer à une vie de solitude et étrangement, tu te rassures en te disant qu'au moins, tu as réussi grâce à cela ta vie professionnelle. Toutefois, je rejoins mon compagnon d'un soir sur le point qu'il vient de soulever. On se moque bien de ce qui peut me tracasser. Je reste juste un peu surpris par le fait qu'il puisse commander d'autres boissons. Damien souhaite réellement passer sa soirée avec un type comme moi. Enfin, s'il veut passer une soirée de merde, libre à lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'il puisse agir d'une telle manière. Je l'observe, venant à faire signe au barman. Je dois dire que la quarantaine qui se rapproche de lui est une chose qui le rend terriblement séducteur, charmant. Il a ce pouvoir de l'homme viril ayant de l'expérience.

« Merci. » Dis-je simplement sans véritablement quoi lui répondre. « Tu as l'habitude de venir ici ?. » Je venais de prendre sur moi, pour poser une question aussi simple. Une question qui peut paraître banale pour le commun des mortels mais pour moi, c'est telle une porte ouverte sur ma vie. Et, je ne suis pas à mon aise dans ce genre d'exercice mais l'avocat qui est prêt de moi semble vouloir passer ce moment de vie avec moi. Autant que je tente de faire des efforts. Et étrangement, c'est la voix de ma meilleure amie qui vient s'imposer à mon esprit. Cette dernière me disant bien souvent de me lâcher.