Harlow & Topaz

Suite aux nombreux coups de fil de ma mère, j’avais décidé de passer à la maison. Non pas par bonté d’âme, mais surtout pour qu’elle cesse de me harceler d’appels. Nos rapports étaient houleux, encore plus depuis qu’elle s’était recasée avec un autre. Après quelques échanges plus ou moins courtois, je décidais de partir. Direction la fac !

C’était sans compter mon andouille de demi frère qui me demandait de l’attendre. Je soupirais. Qu’est ce qu’il voulait encore ? Il n’était pas méchant, il était même drôle parfois, mais un peu lourd. « Géniaaal ! » Répondis-je, faussement enthousiaste. A peine dehors, il voulait changer de programme. « Pourquoi tu voudrais aller au lac ? » Finalement, il se ravisait, mentionnant la fac comme son futur, en septembre. Je m’arrêtais net de marcher. « Attend, quoi ?! Tu veux vraiment étudier dans la même fac que moi ? T’étais pas censé repartir à la fin de l’été ? » J’imaginais déjà l’enfer de le croiser chaque jour dans les couloirs. J’étais même quasiment sure que mes amies le trouveraient à leur gout. Mais hors de question que je leur présente Topaz. Ca devait être un vrai goujat avec les filles. « Ne compte surtout pas là dessus. Tu ne penses qu’à coucher toi ! » Je n’avais pas du tout envie que mon demi frère soit responsable d’une demi douzaine de peines de coeur. « 26 ans, c’est pas un peu tard pour être étudiant ? » Moi, tenter de le décourager ? Pas du tout…

J’écoutais presque avec horreur Topaz me raconter qu’il comptait rester à Burlington. Il avait débarqué dans ma vie sans que je ne m’y attende et mon entente avec ma mère s’était totalement dégradée le jour ou elle m’avait présenté son nouvel amant. « Okaaay. Génial alors. » Finissais-je par commenter sans grand enthousiasme. Côtoyer Topaz à petites doses était supportable. Le soucis avec lui, c’est qu’il était plutôt envahissant. Il ne connaissait pas encore grand monde en ville, c’était sans doute pour ça. Il mentionnait la vie de fils unique comme étant ennuyeuse. Je levais les yeux au ciel. Selon moi, ça devait être plutôt cool : moins de conflits. Avec ma soeur, nous n’avions jamais été très complices, c’était surtout les récentes épreuves qui nous avaient rapproché. « On a aucun lien du sang, tu en es conscient tout de même ? » J’avais vraiment du mal à le considérer comme étant de la famille. « Eh bien quand tu sortiras avec une fille plus de deux semaines, appelle moi. Là je serai étonnée. » Je me mis à rire. J’étais persuadée que Topaz n’en était même pas capable. « Je sais que tu peux-être ce genre d’homme… Mais pas pour le moment. Quand t’approcheras la cinquantaine, peut-être. » Moi moqueuse ? A peine. J’allais lui faire regretter sa vie ennuyeuse de fils unique, je pouvais être très chiante quand je me mettais à taquiner quelqu’un. « Bonne idée. Je viendrais te voir à la remise des diplômes, tu seras splendide avec ton chapeau ! » Je me mis à rire alors que l’on approchait l’entrée de la fac. « Tu ne vas quand même pas me suivre en salle de couture ? » Je devais simplement y récupérer ma machine à coudre pour bosser sur un prototype cette semaine. Le travail serait évalué, j’allais donc devoir m’y mettre sérieusement.