Faisons de notre enfant notre partition ♥

Je ne comprends pas ces gens qui ne veulent pas d’enfants… Je trouve que le but de la vie c’est quand même d’avoir une descendance, d’avoir quelqu’un qui vous aimera comme ce n’est pas permis, qui se battre pour vous, même si cette personne n’a pas demandé à naître ! Je ne veux pas mourir tant que je n’aurais pas ma propre progéniture. Et heureusement, il y a quelques mois Malak m’as annoncé qu’elle était enceinte. Après un mariage qui date de quatre ans maintenant et une histoire d’amour qui dure depuis un peu plus longtemps, on va enfin avoir un témoin véritable de notre amour… Au bout du quatrième mois de grossesse, nous avons appris que c’était une petite fille. J’étais alors le plus heureux des hommes, une petite princesse… Pfiou tellement hâte qu’elle arrive ! Commence alors la course entre les préparatifs de la naissance, la décoration de la chambre, les achats de vêtements et mobilier et puis le plus important, le choix du prénom. Ça n’a pas été facile, il fallait se mettre d’accord, mais pas de coup de cœur à l’horizon et Malak ne se voyait pas donner un prénom à son enfant si ce n’était pas un coup de cœur… Puis un jour, alors qu’on regardait une série TV, on a entendu le prénom Lilas, on s’est regarder et instantanément on savait que se saurait son prénom…

La chambre était finie. Les vêtements étaient presque tous acheter. Presque, parce que Malak me disait sans cesse qu’il faudrait que l’on achète au fur et à mesure et que ça ne servait à rien de tout acheter d’un coup, surtout qu’on recevrait certainement beaucoup de cadeau.

Je suis pédiatre et gynécologue et pour la première fois de ma vie, je vais assister à un accouchement sans le diriger… Pour la première fois de ma vie, je vais être de l’autre coté de l’accouchement, je vais soutenir ma femme, celle pour qui je donnerais tout, celle qui m’offre le plus beau des cadeaux… Un cadeau qui va arriver un peu plus tôt que prévu. Le terme n’est normalement que dans deux semaines, mais mademoiselle Lilas Hopkins à déjà choisi de montrer le bout de son nez.

Alors que l’on regarde un film tranquillement dans le canapé, je sens la main de Malak serrer très fort la mienne. Elle me regarde droit dans les yeux et me dit que le travaille commence. Effectivement, elle vient de perdre les eaux et ressent déjà une contraction, elle va nous faire un accouchement rapide même pour le premier, je n’imagine pas à quelle vitesse viendra le second bébé… Enfin, on est loin d’en être là !

Nous sommes le 5 mai 2014 et j’emmène actuellement ma femme à la maternité.  

La majorité d'entre nous, est à la recherche du bonheur. Nous avons tendance à vouloir plus, toujours plus. Et avons un certain penchant à oublier ce que nous avons déjà à portée de main. C'était mon cas autrefois, avant de le rencontrer... Je me souviens encore de la réaction de mes amis lorsque je leur ai annoncé la nouvelle concernant notre mariage. J'étais encore jeune et n'avais pas encore terminé mes études. Mais lorsqu'il m'avait fait sa demande, je n'ai pas hésité une seule seconde avant de lui dire "oui". Tu te précipite beaucoup trop... me répétaient sans cesse mon entourage autant du côté de ma famille, que de mes amis. Cela fait pourtant quatre ans qu'Aaron et moi-même sommes mariés, quatre ans que nous nous sommes dit oui pour le meilleur et pour le pire, quatre ans que nous partageons notre vie tous les deux, tous les trois sous peu...

Nous étions tranquillement posés sur le canapé en train de visualiser un film. Avant même qu'il ne commence je pouvais sentir les mouvements du bébé, ce qui ne m'avait pas alerté. C'était chose courante depuis le quatrième mois. J'avais à ce moment-là seulement pris la main de mon mari que j'avais posé délicatement sur mon ventre. Au cours du film, je les ressentis beaucoup plus intensément, et cette fois-ci contrairement à la dernière fois il ne s'agissait pas d'une fausse alerte ayant perdu les eaux. S'ensuit une course folle, par chance nous avions préparé par précaution ma valise pour la maternité au cas ou l'accouchement aurait lieu plus tôt que prévu. Voir Aaron courir dans tous les sens m'avait fait rire. J'appliquais néanmoins les exercices de respirations afin d'apaiser la contraction que je venais d'avoir, également pour m'éviter de paniquer.

Très vite nous avions été pris en charge, une sage femme était venue me perfuser et m'examiner. Elle me parle alors de la péridurale qu'il m'est possible d'avoir à présent étant déjà dilatée à cinq centimètres, mon regard croise celui d'Aaron à qui j'adresse une petite moue et je répond par la négative à cette dernière. Nous en avions déjà parlé, m'étant longuement questionnée là-dessus. Loin de là l'idée de sous-estimer la douleur de l'accouchement, après avoir vu de nombreuses femmes souffrir le martyr je savais exactement à quoi m'attendre. Ou peut-être le pensais-je seulement.

La sage femme nous dit qu'elle repassera un peu plus tard, puis quitte la salle de travail nous laissant seuls. « Monsieur Hopkins est-il prêt à tirer un trait sur ses précieuses heures de sommeil ? » le taquinais-je un large sourire aux lèvres. Un peu d'humour qui me permettait d'avoir le dessus sur mes angoisses concernant l'accouchement qui ne saurait tarder à présent. Ce n'était plus qu'une question d'heures...

On se retrouve en salle d’accouchement rapidement, une sage femme ausculte ma femme, déclare qu’elle est à cinq centimètre… Puis elle lui parle de la péridurale, cette fameuse seringue que l’on vous injecte dans le dos pour que vous sentiez moins le bébé lorsque ses épaules passe au niveau du col… Mais ma femme est catégorique là-dessus, il n’y aura pas de péridurale. Je suis fière d’elle, fière qu’elle ne veuille pas de cette seringue. En même temps, elle connait bien le milieu et elle sait à quoi s’attendre, même si elle m’a posé une tonne de question concernant l’accouchement et la grossesse en générale, je trouve qu’elle s’en sort à merveille !

J’ai tellement envie de prendre son accouchement en main, de tout gérer, mais ma place n’est pas de l’autre coté de son entre-jambe, mais plutôt auprès de ma femme. J’ai quand même demandé à sortir le bébé et le poser sur les seins nue de ma femme pour le premier peau à peau et bien entendu couper le cordon qu’il rattache ma fille à sa mère.

Le moment où l’on va lui demander de pousser est proche, je le sais, mais Malak se tient hyper bien. Elle n’hurle pas, elle ne crie pas pour exprimer sa douleur, non, elle contient tout et je la trouve vraiment remarquable. J’ai vraiment épousé une perle.

Ma petite femme me regarde alors et me demande si je suis prêt à ne plus dormir… Qu’elle est drôle ! Elle n’a pas perdu son humour toujours ! « Je crois que le sommeil je ne sais plus ce que c’est depuis le jour où je suis devenu interne… » Je lui dépose alors un baiser sur le front pour lui montrer que je suis là et que je me battrais à ses côtés pour la soulager un peu.

C’est bizarre, mais je stresse, je ne me sens pas bien à l’instant même. C’est comme si je revivais mon premier accouchement en tant que médecin. Je vous rassure je ne tomberais pas dans les pommes ! Je me dois d’accueillir ma fille comme il se doit.

« Je crois que le sommeil je ne sais plus ce que c’est depuis le jour où je suis devenu interne… » sa remarque eu le don de me faire rire, il n'avait pas tort et le peu de sommeil auquel il avait le droit ne ferait certainement que diminuer d'avantage avec Lilas à nos côtés. Il dépose un baiser sur mon front et mon sourire s'élargit, ça a le don de m'apaiser. Dans le fond j'ai toutes ces inquiétudes qui ne cessent de se multiplier. L'accouchement en lui-même, la crainte qu'il y ait des complications, de faillir à mon rôle de mère, de ne pas être à la hauteur tout simplement.

Mon mari me semble bien silencieux, je le sens ailleurs, inquiet peut-être ? Je tends ma main vers la sienne, la saisis et entremêle mes doigts au siens. « Ça va bien se passer. Tout va bien se passer... » déclarais-je. Je ne sais qui je cherchais réellement à rassurer, lui ou moi ? Quoi que dans mon cas, ça n'avait pas le résultat escompté. Je me demande bien comment toutes ces femmes font face à leurs angoisses, comment elle font pour les canaliser. J'ai pourtant eu la chance de lui poser tout un tas de questions concernant l'accouchement en lui-même, parfois même les lui répéter à plusieurs reprises. Il ne s'est pourtant pas plaint, bien au contraire, il finissait par en rire et j'en faisais autant.

Les contractions étaient plus longues et se rapprochaient d'autant plus. J'assumais déjà beaucoup moins le fait d'avoir refuser la péridurale. J'étouffais un cri de douleur en ressentant une nouvelle. Moi qui me plaignait plus jeune face à la douleur de mes menstrues... La douleur m'étant plus qu'insupportable, j'ai qu'une envie c'est de pleurer, envie que je met clairement en application en fait. Je serre les poings, je gesticule, je cherches à me calmer, mais n'y parviens pas. Je n'ai plus vraiment le contrôle, j'ai littéralement l'impression de mourir. La sage femme était pourtant passée entre temps pour me relancer pour la péridurale, mais j'avais à nouveau refusé avec beaucoup moins de courtoisie que la première fois. Si Aaron m'avait parlé d'un second bébé là tout de suite, je crois bien que je l'aurais assassinée sur-le-champ... Je n'en peux plus, et je veux que ça se termine au plus vite !

Ma femme est magnifique. Même si elle est sur le point d’accoucher je la trouve belle. Je la trouve belle chaque jours. Mais, je dois avouer, qu’enceinte elle est encore plus belle. Elle porte le fruit de notre amour. Elle porte un bout de nous deux, une moitié de chacun qui ne fera au final qu’un. Comme si mon cœur désormais allait être partager en deux, une moitié pour ma femme et une autre moitié pour ma fille qui va naitre d’un instant à l’autre. Je peux le dire, je suis heureux. Ça sera définitivement le deuxième plus beau jour de ma vie, puisque le premier est bien sûr mon mariage avec Malak, que j’ai attendu longtemps. Je n’étais pas rassurer le jour de notre mariage, elle était jeune et nos familles n’étaient pas forcément en accord, mais au final, aujourd’hui elle va donner la vie, elle va faire ce qu’une femme peut faire de plus beau au monde, mais également m’offrir le plus beau des cadeaux…

Je sens alors que Malak à des contractions, tout simplement parce qu’elle commence à me serré la main. Je vois également au monitoring que les contractions s’accélèrent et que le travail à très bien commencer. « Ma puce, d’ici une heure tu seras maman… » Je le sais, je le sans, ma fille va naitre d’ici quelques minutes. Alors que l’infirmière n’est pas là, je me permets de proposer à ma femme d’aller l’ausculter. Je me permets alors d’aller vers son entre jambe et lui demande « Je peux ? » Elle me fait un signe de tête, je plonge alors mes doigts et découvre qu’elle est ouverte à neuf doigts.. « Ma chérie, je vais chercher l’équipe qui va te faire accoucher ! » Pas le temps de lui déposer un bisou sur le front, je file dans les couloirs chercher quelqu’un… Ma femme va accoucher maintenant ! Je reviens alors dans la chambre accompagné d’une sage femme et d’un gynécologue. Ils vont faire accoucher ma femme et j’ai promis à Malak de simplement couper le cordon pour rester à ses côtés.. Elle n’a plus qu’à s’occuper de pousser…