Mia Sorella ♥ (PV Fly)

Ce mardi fut extrêmement chargé pour le cuisinier, il s'était levé particulièrement tôt afin de pouvoir se rendre sur le marché, aux premières heures afin de sélectionner quelques produits spécifiques pour le plat du jour. Habituellement un fournisseur s'en chargeait et venait directement au restaurant apporter les produits mais aujourd'hui, l'italien avait envie de choisir quelques ingrédients et épices, herbes bien spécifiques et choisir lui même afin de s'assurer de la qualité du produit choisi. Alors se lever tôt pour se rendre sur les lieux, avant le boulot, s'ajoutant à cela le service du midi il était crevé.

Heureusement il s'était exonéré du service du soir afin d'avoir un peu de repos. Anna était en tournage pour son émission télé par conséquent, le grand brun était seul dans leur maison. Il avait décidé en arrivant chez lui d'aller faire un footing aux alentours du lac Champlain avant de prendre une bonne douche, d'enfiler un caleçon et il restait en débardeur, chaussettes aux pieds avant de s'étaler comme une masse sur le lit. Rien qu'une petite sieste, il s'était accordé une vingtaine de minutes mais finalement, cela se transforma en heures. A vrai dire, ce qui le réveilla fut une voix qui lui était familière, une présence féminine dans la chambre. Il peinait à ouvrir les yeux mais finalement le fit et remarqua d'abord la silhouette d'une jolie blonde avant de regarder vers le visage de cette dernière. Grommelant un peu il se frotta les yeux et regarda la jeune femme. Sa sœur Flytea était là, dans la chambre pimpante et le sortait de son sommeil d'ours. " Tiens.... j'ai oublié quelque chose ? On avait prévu un truc ? Merde.... il est quelle heure ? " s'étonna t-il avant de saisir son portable sur la table de nuit.

Il était très proche de sa sœur et il arrivait régulièrement à l'un comme l'autre de se rendre des visites imprévues, de passer du temps ensemble. Visiblement, la blondinette lui rendait une visite à l'improviste à moins qu'un diner ou autre chose lui soit complètement sorti de la tête. Il s'assit alors sur le lit après avoir baillé discrètement. "Bon sang j'ai pas la moindre idée de combien de temps j'ai dormi, j'étais crevé... ça va toi ?"

Anton avait l’habitude de sa sœur, pas la peine de se mettre sur son 31 quand elle lui rendait visite. D’ailleurs ils avaient vécu quelques mois chez elle (lui et Anna) en début d’année 2016 quand ils sont arrivés à Burlington et la blondinette n’avait aucun problème à ce que son frère traine en caleçon et débardeur. Ou simplement en caleçon. Elle en avait vu d’autres. Mais en l’occurrence, le grand brun était en mode ‘ours’, endormi dans son lit et il se réveillait comme s’il s’était plongé dans un profond sommeil plusieurs heures. Il croulait sous la fatigue en raison du travail et intérieurement était content de pouvoir récupérer un peu.

Il cachait toujours un double du jeu de clé sur le patio et Fly savait pertinemment où le trouver. Cela expliquait sa présence dans la maison sans que Anton ou Anna aille lui ouvrir. « T’as bien fait » souligna t-il en émergeant doucement du lit. L’italien savait que sa sœurette avait repris les cours, elle enseignait au collège de la ville et était passionnée par ce qu’elle faisait: l’Art. Anton aussi aimait l’Art , sous toutes ses formes. Et chacun pouvait penser comme il voulait mais, les tatouages étaient également une forme d’expression de l’Art justement. Il en était convaincu.
Il se leva du lit en se dirigeant vers la salle à côté à savoir la salle de bain pour se passer de l’eau fraiche sur le visage histoire de se réveiller. Tout en effectuant son trajet vers la pièce attenante, il répondit aux propos de la blondinette « Génial. Tu dois les inspirer comme toujours. Tu as décidé de les lancer sur quel type de projet cette fois-ci ? ». Il savait Flytea créative et très enjouée pour intéresser des jeunes enfants.

« Tu rigoles, il fallait bien que je me réveille un jour, pas de soucis » fit-il après s’être rincé le visage. Il saisit une serviette pour s’essuyer la bouille tout en regardant sa sœur dans le miroir. Elle se trouvait encore au seuil de la porte.  « Bon, ça te dit de descendre en cuisine et de manger un bout ? Dormir ça creuse… » dit-il avant de se rendre compte qu’il lui manquait quelque chose «  Ah et attends, j’enfile un pantalon d’abord quand même, ça serait mieux. Descends si tu veux je te rejoins ».

Il ne tarda pas à retrouver la belle blonde en cuisine « Alors, qu’est-ce que tu voudrais qu’on mange ? Y’a pas mal de choses… ça peut être rapide aussi … par contre, si tu dis riz et steak …. c’est même pas la peine ». Il était exaspéré de voir que au contraire de lui, sa sœur n’était pas une passionnée de cuisine et faisait ce qu’il y avait de plus simple, ce qui passait sous la main. En même temps que de regarder le contenu du frigo, l’italien ajouta « Et hormis les 6e, tu n’as pas une classe un peu récalcitrante ? Des jeunes qui se disent rebelles un peu ? ça donne du fil à retordre c’est drôle quand même… non ? ». Puis il connaissait le tempérament des italiens au sang chaud. Il ne fallait pas trop les emmerder longtemps sinon on voyait de quel bois ils se chauffaient. Sa sœur avait certes les allures d’un ange mais… il ne valait mieux pas l’énerver. Puis pour lui, il ne fallait pas non plus le titiller trop longtemps sinon on le trouvait.

L’italien était très heureux pour sa sœur, l’entendre épanouie de nouveau, apprécier le fait qu’elle avait effectué la rentrée donc rencontrait de nouveaux élèves. A chaque fois qu’elle parlait de l’Art de façon générale, elle débordait d’enthousiasme alors partager cette passion avec les autres lui donnait généralement le sourire. « Je n’en doute pas. Certains doivent avoir de maisons farfelues quand même » ajoutait-il en connaissant l’imagination débordante des jeunes enfants. Les dessins qu’ils faisaient devaient parfois être irréalistes.

« Je pense que ça peut-être une bonne idée. Sortir de la salle de classe, les mener à interagir avec d’autres personnes et s’intéresser à l’Histoire, c’est un bon mix. Je crois que tu fais bien. Ce sera facile d’obtenir une autorisation de sortie pour ça ? Et il faut aussi une certaine organisation non ? ». Il continuait de trainer des pieds en cuisine et sortait vaguement des choses du frigo.

« Très bien…. que dirais-tu d’une Bruschetta et ensuite des tomates soufflées à la Ricotta ? ». Cela ne pouvait que changer du fameux riz-steak dont elle se nourrissait à longueur de temps et les italiens ne crachaient pas sur les plats originaires de leur pays. « Je n’en doute pas ! » fit-il sachant que il valait mieux éviter d’énerver sa sœur.

Le cuisinier sorti tous les ingrédients pour les préparations, il se lava les mains et entrepris de préparer ce qu’il fallait tant pour ce qui allait au four que l’entrée qui se mangeait froide. En même temps, il discutait donc avec sa sœur. « Dis moi, excuses-moi de te poser la question mais c’est vrai que je ne t’ai pas parlé constamment de ça pour éviter que t’aies l’impression que je sois sur ton dos mais…. comment ça s’est arrangé avec la banque ? Tout va mieux ou tu as encore quelques soucis ? … » il laissa s’écouler quelques secondes avant de poursuivre « … parce que tu sais que si tu as besoin d’aide, je peux t’aider, il n’y a pas de problème, puis je suis sûr que Anna n’hésiterait pas non plus bien que je préférerais que on la laisse hors de cela ».

Je souris en écoutant ma sœur parler de ses élèves. Elle avait presque des étoiles dans les yeux quand elle le faisait car cela se voyait que ce métier était pour elle une passion. Et c’était vrai que en plus, en tant que professeur d’art plastique, elle pouvait être témoin de l’imagination débordante des enfants de cet âge.

Toujours en cuisine il poursuivait ce qu’il avait à faire tout en gardant une oreille attentive. « Oui ça peut aussi être une bonne alternative; Certes moins intéressant que le musée en raison du côté Histoire mais après, l’Art est présent un peu partout de toutes façons ». De son propre avis, Anton estimait que l’Art pouvait se manifester sous de nombreuses formes, y compris les tatouages. La preuve, son corps en était imprégné à tout jamais. « Je pense que si tu te montres insistante, motivée et que tu débauches deux adultes en plus pour te soutenir, ce projet pourrait se réaliser. Puis je suis sûr que tu peux et sais te montrer très persuasive. Le directeur ne peut que manger dans tes mains…. ».

Sans le dire à voix haute, Anton se disait que Anna serait plutôt du style à apprécier ce type de sortie. Dès qu’elle était avec des enfants, quels que soient leurs âges, elle était plutôt à l’aise. Puis elle était animatrice à la télévision pour une émission faite pour eux après tout. Peut-être même que, comme certains musées étaient à proximité de son lieu de travail, les enfants pourraient visiter les ‘coulisses’ de l’émission en bonus. Enfin, il n’en dit pas grand chose et garda cela en tête. Bon d’accord et lui aussi pourrait éventuellement disposer de temps comme il avait un certain projet en tête.

Recevant la proposition d’aide de sa sœur, le cuisiner accepta son intervention d’un hochement de tête et lui tendit le couteau du côté manche afin d’éviter qu’elle se blesse. Il la savait parfois (occasionnellement) distraite. « Je veux bien que tu coupes les tomates en très très fines lamelles, comme ça tu vois ? » Il lui montra un exemple en découpant l’une d’elles et puis il s’occupa d’autre chose.
Toujours en cuisinant, il écoutait la blondinette. « Je ne me sens pas obligé, c’est juste inconcevable de te laisser dans une pareille situation. Est-ce que tu as besoin qu’on te prête de l’argent ? Vraiment si tu as besoin de quoi que ce soit, tu ne dois pas hésiter une seconde. Tu me jures ?! » il regarda la jolie jeune femme droit dans les yeux, marquant un regard insistant pour être certain qu’elle lui demande son aide en cas de besoin. L’italien était un cuisinier connu en Italie, au niveau national et avait jusqu’alors bien gagné sa vie en travaillant dans des restaurants gastronomiques.
« D’ailleurs, j’ai quelque chose à te dire, j’aimerais avoir ton avis…. ». Il ne finit pas sa phrase se faisant interrompre par un coup de fil qu’il du prendre. Il s’excusa auprès de sa sœur et s’occupa de cet appel pendant une dizaine de minutes avant de revenir en cuisiner, se laver les mains et terminer ce qu’il était en train de préparer. Il mit le tout au four « Dans 10 minutes c’est prêt. J’espère que t’as faim ! ».

Anton aimait bien lorsque sa sœur lui parlait de ses classes, il avait de façon générale un bon feeling avec les enfants malgré ses tatouages qui pouvaient vite le cataloguer comme quelqu'un 'de mauvais genre'. Il n'était pas vraiment un bad-boy bien qu'il n'avait jamais eu un comportement uniquement exemplaire. Disons qu'il était simplement humain, avec des réussites et des erreurs mais jamais les bêtises qu'il avait pu commettre dans le passé n'avaient causé de troubles à des enfants. Par conséquent, il était un peu facile pour les adultes qui ne le connaissaient pas, de le juger à sa simple apparence. « Ah, c'est pas la mère machin là dont tu m'as parlé ? Tu sais, celle qui s'investit toujours pour les événements de l'école et qui fait des gâteaux je crois... ». Le cuisinier se souvenait d'une femme de ce type dont la jolie blonde lui avait parlé. Bien que il semblait que le courant passait pas plus que cela. « Tu me tiendras au courant » fit-il. « Crois moi, l'année va passer plus vite que tu ne le penses, quand tu es lancée dans le tourbillon de l'année scolaire, tu prieras pour être en vacances au plus vite ».

Le cuisinier n'ayant plus rien à faire hormis suivre la cuisson d'un œil, il acquiesça au besoin de sa sœur « franchement il n'y a aucun problème. Je te fais confiance, tu me rembourseras quand tu le pourras ». Il se montrait extrêmement compréhensif à l'égard de l'enseignante et dès qu'il pouvait l'aider, il n'hésitait pas.

Quand il revint après un coup de fil, la cuisson était presque terminée et il ne restait plus que 2 minutes avant de sortir la préparation du four. « A propos d'aide, est-ce que je peux te demander ton avis sur quelque chose ? ». Il ouvrit la porte du four machinalement avant de la refermer pour prolonger encore de 3 minutes supplémentaires au temps initialement prévu. Ce qu'il avait à lui dire était quelque peu sérieux et concernait sa vie professionnelle. Avoir l'opinion d'une personne qui comptait pour lui était bien sûr essentiel et pouvait l'aider, le conforter ou non dans ses projets et choix. « Je voudrais te parler du restaurant. Depuis quelques temps, j'ai plutôt réfléchi et j'envisage de plus en plus de le quitter, d'arrêter tout ça... ».

Le grand brun laissa marquer un temps de pause quelques longues secondes, pour annoncer les propos suivants « ... je ne sais pas, c'est faire de la cuisine gastronomique pour des gens friqués avec des plats hors de prix... je me dis que tout le monde devrait pouvoir goûter à la bonne cuisine, d'un cuisinier étoilé ou non mais, je crois vraiment que ça devrait être plus accessible... »

S'appuyant sur l'îlot central il resta regarder sa sœur et scruta sa réaction.

Le cuisinier se doutait qu'une telle décision ne laisserait pas sa sœur indifférente mais elle faisait partie des personnes en qui il avait le plus confiance pour parler de ça et aussi partie des personnes dont l'avis comptait le plus pour lui. Elle l'avait soutenu quand il avait entrepris cette formation en Italie, plus jeune, puis était parti pour continuer dans ce parcours à Paris avant de revenir beaucoup plus tard dans son pays natal où il avait gagné une certaine notoriété.« Je sais que ça te fait bizarre d'entendre ça de moi. Mais ça ne veut absolument pas dire que j'abandonne tout ce que j'ai appris....» Il fallait voir cette opportunité comme une reconversion. Il avait exercé en France, en Italie où il était connu, puis en Australie dans un restaurant gastronomique et ici depuis Janvier où il était dans un semi-gastronomique. A présent les envies étaient autres, il visait un autre type de clientèle, un travail qui serait bien à lui et il serait maître du fonctionnement et de l'organisation. « J'ai énormément réfléchi à ça, des mois et des mois mais, je crois que ce contexte, dans lequel je travaille actuellement, ça ne me convient plus... » Il avait beaucoup d'argent de côté donc s'arrêter n'était pas un problème, il n'était pas propriétaire du restaurant où il travaillait actuellement de toutes façons. « j'envisage quelque chose de plus accessible pour tous le monde. Ceux qui ont un peu moins d'argent voire les étudiants...». Devait-il sortir à sa sœur qu'il avait même songé à avoir un foodtruck ?! Pour l'instant il hésitait encore mais faire un break le temps de se lancer était quelque chose qu'il souhaitait faire. Bon d'accord et l'idée du Foodtruck restait dans un coin de sa tête. D'ailleurs, il interrogea sa sœur à ce sujet « ... Je ne sais pas encore avec une grande certitude, mais je pensais peut-être à avoir un foodtruck. T'en penses quoi ? »