La graine a rejoint le nid…. [Sebastian]

Sebastian s'était réveillé d'une bonne humeur étonnante ce matin-là. Il avait retrouvé un rythme de sommeil régulier, affichait une meilleure mine et un calme apparent. Serena l'avait changé du tout au tout en l'espace de quelques mois. Du moins, c'est la seule raison qu'il avait trouvé pour justifier ce changement pour le moins bénéfique. La preuve est-elle qu'il avait enfin signé les papiers du divorce, après plus d'une année de longue procédure. Les démarches sont encore loin d'être terminées mais le grand saut avait été fait. Sebastian pouvait voir l'avenir avec un peu plus de sérénité, quelque chose qu'il n'avait pas connu depuis bien longtemps.
Sa relation avec Serena suivait son petit chemin, avançait doucement sous quelques regards attentifs ou inquiets. Ils ne se cachaient plus. Rien n'allait vite, rien ne se pressait. Ces deux-là n'avaient pas besoin d'en faire des tonnes pour prouver leur cohésion mutuelle. Si Sebastian était amoureux d'elle ? Définitivement. Même si l'idée du conflit de génération le guettait toujours quelque fois. Serena avait pourtant déjà rencontré Lyla qui l'eut vite adoptée, à sa grande surprise. Bien-sûr qu'avec Maya, tout n'était pas aussi rose, mais cela n'étonnait plus grand monde à présent..

Après une petite journée, Sebastian rentra chez lui, détendu et léger sourire en coin. Il avait prévu une belle soirée avec Serena, préparant un plat assez simple et une sélection de quelques films. Soirée cosy et intime en perspective, les meilleures selon lui. La soirée était encore loin que quelqu'un frappa à la porte. Sebastian regarda l'heure brièvement, plus tôt c'est, mieux c'est. Les bougies attendraient.
Il ouvrit la porte avec hâte, grand sourire dessiné sur son faciès. Mais la vue d'une Serena un peu dépitée le calma aussitôt. Elle allait pouvoir nier autant qu'elle le voulait, il savait pertinemment que quelque chose clochait. Instinctivement, il lui vola un baiser, un peu plus amer que d'habitude. " Tout va bien ? " Question idiote. Le trentenaire entoura la taille de sa partenaire, reculant avec elle dans l'appartement.

Serena ne s'était pas fait prier pour se blottir contre un Sebastian quelque peu abasourdi. Il n'eut pas le temps de lui demander quel était le soucis que déjà, la brune le suppliait de ne pas le quitter. Quoi ? Mais c'est quoi ce bordel ? " Hey.. calme toi, qu'est-ce qui te prends ?". Le brun n'était vraiment pas rassuré de retrouver une Serena aux allures candide, loin de la jeune femme sûre d'elle et pétillante dont il était tombé sous le charme. Bien que protecteur, il se sentait dès lors, mal armé face à la situation qui se déroulait. Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Pourquoi pleurait-elle dans ses bras ? Etait-ce de la faute du brun ? Des tonnes de question lui traversait l'esprit. " Bon écoutes, va t'asseoir, d'accord ? Je t'apportes un verre d'eau, mais tu te calmes.". Le côté paternel du brun ressort, et cette sensation lui était loin d'être agréable avec Serena. Vu comment la soirée venait de débuter, mieux valait qu'il se sorte un bon remontant de son côté. Il s'assit à côté de sa belle, plongeant son regard sombre dans le sien. Il n'était pas sûr d'être préparé à n'importe quelle réponse, connaissant Serena. " Et pour ta gouverne, je suis là. Si t'as besoin d'aide pour nettoyer une scène de crime, ou une connerie du genre, je serai là. " Pas sûr que cela l'aide. Le stress, désormais déteint sur lui, lui ferait dire bon nombre d'absurdités.

Comme une sensation de déjà-vu. Serena se mit sur la défensive quand Sebastian ne se voulait que rassurant. Bien-sûr qu'il ne le pensait pas, non. Il bu son verre d'une traite de son côté, peu fier. Il n'aimait pas cette situation, ce sentiment d’étouffement qui avait prit contrôle de son organisme. Il ne savait même pas ce qui se tramait que déjà, il appréhendait sa réaction. Il se concentra tout de même sur Serena, pas question d'être égoïste dans l'histoire. C'est elle qui avait débarqué complètement affolée chez lui. C'est elle qui avait besoin de lui à ce moment précis. Et c'est pour elle qu'il agissait maladroitement, de bout en bout. Il n'y avait aucune raison que cela soit si terrible, après tout.. « J'suis enceinte... ».

Blocage. Gros blocage. Sa tête se décomposa lentement, doucement, de peur de faire peur à sa partenaire que les yeux du brun ne mirent pas longtemps à quitter, jetant machinalement un coup d'oeil à son verre, vide. Un silence, long silence, se traduisant en secondes, puis en minute. Les dernières paroles de la brune radotaient sans cesse dans son esprit. Il avait fait un bon de dix-sept ans en arrière. Incompréhension. Flash-back, retour au présent. Il voyageait, sans trouver quoi dire. Aucun son ne pouvait sortir non. Il ne se contrôlait plus. De ce fait, il n'avait pas non plus le contrôle sur les potentiels prochains mots qui sortiraient de sa bouche. Et c'est peut-être ce qui pourrait les effrayer, autant lui-même que sa protégée. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Sans comprendre comment, il s'était mit debout, reculant de quelques pas, jusqu'à la grande table où traînait son paquet de cigarette. Machinalement, il s'en alluma une et se dirigea sans un mot sur le balcon, l'air frais ne suffisant plus à calmer les bouffés de chaleur qui touchaient chaque membre. Il n'a pas tiré deux lattes que déjà, il balança sa tige de nicotine d'un geste brusque, regagnant le salon, et Serena. Il n'était plus maître de ses mouvements, et avait probablement l'air d'un con à faire les cent pas. Le trentenaire prit une grande inspiration peu efficace pour tenter d'évacuer ce pic au cœur, transformé en palpitation. Il lui avait épargné le doute, bien conscient de la véracité de ses mots au vu de l'état de sa belle. " Combien ?". Il avait presque susurré ces mots, fixant le mur, droit comme un piquet. Il était à deux doigts de l'explosion, ou du malaise si on devait tenir compte des jambes tremblantes. Il ne pouvait rester sans rien faire davantage.