Simone & Jazz

S’il y a bien une chose dont j’ai envie après une journée pleine en rebondissements, c’est de repos. Etre dans mon lit, sous ma grosse couette avec un bon bol de chocolat chaud. C’est surtout parfait en hiver car avec la chaleur estivale, c’est une toute autre histoire. 32°C à l’ombre… Autant dire que je n’en peux plus, même si je ne porte rien de plus qu’une robe légère (et des sous-vêtements bien entendu). Du coup, à défaut de rentrer chez moi, je fais un tour en ville. Je trouve un parc où je n’avais encore jamais été et je me pose tranquille sur un banc. D’ailleurs, je prends toutes mes aises et m’allonge. C’était sans compter sur un groupe de musique qui se met à jouer. Peut-être qu’ils étaient là avant et que je ne les entendais pas avec le bruit environnant mais désormais, le vent s’est affaibli et la plupart des visiteurs sont partis.

Et il faut que je vous avoue quelque chose sur moi : Je m’appelle Jazz mais je ne suis pas une grande fan de musique. J’écoute la radio rapidement, et certains styles comme la variété mais j’avoue que tout ce qui est rap, métal, ou même du hip hop, ce n’est pas mon gros dada. Et puis, je trouve cela tellement fort que ça en devient désagréable. Je tourne ma tête dans leur direction et me demande comment j’ai pu ne pas les remarquer avant, et malgré moi, j’affiche une grimace pas très plaisante, et ce à trois reprises. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes d’être désagréable. Et puis, on est dans un lieu public alors ils font ce qu’ils veulent non ? Mais où est donc passée ma bonne éducation ? Je regrette presque de ne pas avoir amené mes boules kiess. Moi qui ai tellement envie de silence.

Alors que je réfléchis à ma bonne éducation partie en fumée, une jeune femme m’aborde. En le regardant, je reconnais la chanteuse du groupe et aussitôt, je sens le rouge me monter sur les joues. Je suis gênée en comprenant qu’elle m’a vue faire ces mimiques déplacées. Le pire, c’est qu’elle a l’air absolument adorable et moi, j’ai juste l’impression d’être une sale garce. Une boule se forme dans mon ventre. Je suis absolument confuse et je me fonds bientôt en excuses.

« Je suis vraiment désolée. Je ne voulais pas paraitre malpolie. J’ai passé une journée éreintante et j’ai dû me lever du pied gauche car vraiment, je n’agis jamais de la sorte normalement ! »

J’espère qu’elle ne va pas trop m’en vouloir car au fond, je n’ai rien contre son groupe, c’est juste qu’ils sont au mauvais endroit au mauvais moment comme qui dirait. Ou peut-être que c’est moi qui devrait rentrer d’ailleurs. Au moins, là-bas, le silence régnerait en maitre et personne ne viendrait me casser les pieds. Et ainsi, je ne serais désagréable envers personne. Je la regarde après un petit moment à avoir baissé la tête et je lui confesse alors :

« Je ne suis pas une grande fan des musiques un peu trop dynamiques mais vous n’avez rien fait de mal ne vous en faites pas. C’est moi qui devrait m’en aller si je ne suis pas contente en plus. » Un léger sourire avant d’essayer de changer la conversation et ainsi de me faire pardonner. « Vous chantez dans ce groupe depuis longtemps ? Car vous avez une belle voix. »

C’est donc par tous les moyens que je trouve et un pu maladroitement que je tente de m’excuser mais difficile lorsqu’on est en faute. Je n’arrive pas à discerner dans les paroles de la jeune femme si elle m’en veut ou si elle va passer l’éponge. Je ne trouve rien d’autre à redire que réitérer mes excuses, me sentant de plus en plus mal. « Oui bien sûr ! Il n’y a pas plus libre comme pays que les Etats-Unis. » C’est ce qu’on dit dans les médias en tout cas alors j’imagine que ce doit être vrai… « Vraiment, je suis désolée ! » Puis, je viens à lui demander des informations sur son groupe et sur elle-même, histoire de pouvoir changer de sujet le plus rapidement possible. « Treize ans de carrière ? Whaou ! » C’est rare que j’entende cela et je me demande bien à quel âge ils ont pu créer leur groupe du coup car ils n’ont pas l’air bien vieux. Réellement impressionnée, je me présente à mon tour : « Jazz Harington. Je suis loin d’avoir une carrière musicale mais je tiens une petite boutique de vêtements à l’autre bout de la ville. » J’aimerais pointer du doigt une direction mais je suis loin d’être un prodige en géographie alors je me tromperais sans aucun doute. Et puis, surtout, ce n’est pas très important qu’elle sache où est ma boutique. J'ai envie de lui poser plus de questions sur sa carrière pour le coup mais je n'ose pas vraiment, de peur qu'elle trouve cela déplacé. Je finis tout de même par me lancer. « Vous avez dû créer votre groupe tôt pour le coup, car vous n’avez pas l’air bien plus agée que moi. »

Je hoche la tête. Je ne sais pas si je suis d’accord avec ce qu’elle dit car pour le coup, je ne connais vraiment pas le type de musique qu’ils jouent. Tout ce que je sais c’est au niveau du son, je ne suis pas fan. Pour ce qui est des paroles, j’avoue ne pas avoir été jusqu’à écouter et ainsi comprendre. Elle a sans doute raison en tout cas. Je ne me permettrais pas de remettre sa parole en doute et préfère changer de sujet, histoire que le mauvais moment passe et soit oublié.

« Oui, on me le dit souvent. Mes parents ne sont pourtant pas fans de jazz. Je ne sais pas où ils ont trouvé une idée pareille. »

Je ne me plains pas pour autant de mon prénom car je n’ai jamais eu de soucis avec. Certaines moqueries à l’école primaire et au collège mais après tout, qui n’en a pas eu. La plupart des gens sont soit trop polis pour faire la moindre réflexion, soit plutôt étonnés de cette originalité et pour le coup, ils ne disent rien, ou font un compliment. De toute façon, ce n’est pas moi qui ait choisi de le porter donc je fais avec chaque jour. Et puis, je l’aime bien. C’est court et c’est classe. Au moins, je ne m’appelle pas Marie ou Julie. Il n’y en a pas 36 comme moi.

« C’est une vraie chance car beaucoup de groupes se cassent la figure en peu de temps ou n’arrivent pas à percer tout simplement. »

Les fans, j’imagine en effet que pour des artistes, ils sont importants. Je n’y connais pas grand-chose mais je regarde tout de même la télévision et donc j’ai quelques notions. Et puis, j’ai tout de même eu mes périodes où j’étais fan de tel ou tel artiste étant plus jeune. Aujourd’hui, ce n’est plus ma préoccupation principale et je me contente d’écouter la radio où la musique est plutôt diversifiée, et encore, c’est surtout dans la boutique ou dans la voiture. Je lui souris alors qu’elle m’annonce qu’elle aime faire les boutiques.

« Je pense que c’est le péché mignon de toute femme, avec plus ou moins une grande passion pour. »

Certaines personnes ne font les magasins qu’une fois par mois, ou par an alors que d’autres passeraient leur temps dedans. Pour ma part, j’aime beaucoup la mode mais j’ai tendance à tout acheter d’un seul coup. Ce n’est pas comme si j’avais le temps de vagabonder à travers la ville pour acheter des vêtements de toute façon.

« 4 frères ? Et moi qui suis enfant unique… Ca a dû être à la fois cool et pas facile de grandir dans une telle fratrie ! J’en ai 31 également. »

Je lui souris. Elle a raison concernant mon prénom. Mes parents l’ont toujours adoré à tel point que je n’ai jamais vraiment eu de surnom. Cela ne m’a pas dérangé outre mesure et puis, comme Simone le dit si bien, j’ai au moins le fait d’être unique en ma faveur. La jeune femme me reparle de sa fanbase et sur le coup, j’ai l’impression d’être un peu bête. Décidemment, je n’y connais absolument rien en musique et je ne pensais pas avoir répondu à côté de la plaque pour qu’elle me répète deux fois la même chose. A priori, c’est ce qui a vraiment l’air d’être le plus important dans son métier alors je hoche la tête, faisant preuve d’un maximum de compréhension. « J’espère que vous allez remporter le succès que vous méritez avec ce nouvel album ! » Je le dis sincèrement. Puis, on aborde ma boutique, les magasins. « Oh bah c’est déjà pas mal. Je connais des femmes que ne les font qu’une fois par an ou deux. » Je tente un sourire complice. En effet, j’ai croisé de tout en matière de femmes aimant la mode ou au contraire la détestant. J’avais même des copines à l’école qui s’habillaient littéralement comme des sacs à patate. Après, j’imagine que Simone doit avoir un minimum de garde robe pour ses concerts par exemple. Une star se doit de ne pas s’habiller pareil à toutes ses sorties j’imagine. « C’est tout aussi beau. » J’ajoute alors qu’elle m’explique les véritables liens qui l’unissent à son groupe. « Vous devez peut-être retourner répéter ? Je ne vais pas vous déranger davantage. Déjà que j'ai interrompu votre répétition... » Je lui demande bientôt, soucieuse de vraiment les déranger pour le coup, plus que ce que je n’ai déjà fait. « Je vais en profiter pour rentrer, il se fait tard. » Le soleil commence à se faire discret en plus et ma mère doit passer d’ici une demi heure à la maison et si je n’y suis pas, elle risque de me faire un scandale alors…