Retrouvailles (Pv Anton)

Retrouvailles
   

Quatre jours que je suis chez ma petite sœur après avoir fuit mon mari. Enfin si je peux encore l’appeler ainsi : Ce n’est plus mon amoureux, mon copain ou mon mari car je ne l’aime plus mais je ne peux pas l’appeler « Ex » car nous sommes toujours mariés. Aujourd’hui, je me demande pourquoi je ne suis pas partie après une discussion : ça aurait fait mal mais ça aurait mit les choses au clair et j’aurai pu trouver rapidement un juge pour les papiers officiels du divorce et ainsi vivre sereinement sans avoir peur toutes les trente secondes de tomber sur Henry.

Une autre idée me vient en tête : passer par la case : commissariat de police afin de porter plainte contre lui. J’ai toujours des traces de deux ans de violence mais j’ai peur que les policiers me jugent « Pourquoi deux ans ? Vous auriez du venir il y a bien longtemps. Ce n’est pas le même pays, votre plainte tombe à l’eau, … » c’est donc pour ça que je n’irai pas chez eux même si je sais que Henry est à Burlington et qu’il peut me retrouver à tout moment. Évidemment si c’est ce qui arrive, je serai bien obliger de m’y rendre pour que mon cher « ex-mari » ne puisse plus s’approcher de moi.

Assise dans le canapé, je soupire. La télévision est éteinte et je viens de finir mon dernier livre. Il serait temps que je fasse quelques courses pour remplir le frigo et m’arrêter quelques instants dans une librairie. Je me lève en soupirant, depuis toute petite je déteste faire les courses mais ce n’est pas toujours à Amy de les faire. Je passe dans ma chambre pour m’habiller, redescend dans la cuisine pour faire la liste de ce qu’il manque et pour finir quitter la maison après avoir vérifié que tout est fermé à clé.

Deux heures après, je fini ma petite promenade. Un chariot rempli de provision et un sac à dos rempli de livres. Je marche lentement près du lac et arrivé près de la maison, je remarque un homme de dos qui sonne à la porte. Je m’arrête net et observe longuement cette personne. Ce n’est pas Henry, je peux donc continuer à avancer. Une fois à sa hauteur c’est d’une voix mal assurée que je lui dis : « Bonjour, excusez-moi ! Que puis-je faire pour vous aider ? »

   

Anton prenait peu à peu ses repères dans ce nouveau quartier dans lequel il avait élu domicile. Cela faisait en effet pas si longtemps qu’il avait acheté une maison avec Anna au bord du lac Champlain. Les terrains étaient plutôt grands entre les maisons et certaines d’elles étaient plus ou moins isolées. Par conséquent, ils n’avaient pas de visibilité directe sur lesdits voisins.

C’est pour cette raison que lors de l’emménagement, ils ne se sont pas tant que ça préoccupés des personnes habitant dans les alentours. Ils ignoraient qui ils pouvaient qualifier de ‘voisins du quartier’ quand bien même les maisons étaient éloignées. Anton n’avait pas chômé depuis ce fameux jour entre l’aménagement progressif de la maison où il restait encore des choses à faire et recevoir, le restaurant où il travaillait qui lui prenait aussi du temps, profiter de quelques instants de libres avec sa sœur Sara et/ou Anna.

D’ailleurs, il était invité chez sa sœur ce soir là où il ne travaillait pas. Il avait promis de faire son fameux tiramisu, le seul dessert auquel il excellait. Et pour cela, il fallait quelques ingrédients bien spécifiques en plus du secret du chef. Mais la journée était suffisamment avancée, trop pour aller faire des courses, préparer le dessert italien puis se rendre chez sa sœur. Du coup, la seule solution qui s’offrait à lui était d’aller chercher dans les maisons du quartier, les ingrédients qu’il lui fallait pour le dépanner. Ce n’était pas grand chose et n’importe qui avait probablement cela dans ses placards ou son frigo. Il tenta donc le coup vers la première maison qu’il aperçu au loin après quelques minutes de marche.

Le grand brun arriva par une allée principale jusqu’à la maison non visible depuis la sienne mais également en bordure du lac Champlain. Il sonna à deux reprises avant de se dire qu’il n’y avait probablement personne. Au moment où il glissa son iPhone dans sa poche arrière, il entendit une voix qui lui demanda en quoi elle pouvait l’aider.

« Bonsoir, désolé de vous déranger mais… ». Il se retournait en même temps qu’il parlait et réalisa que la propriétaire de la voix suave n’était finalement pas une inconnue. « … Kay ? C’est toi ? ». Les mots sortirent sans qu’il ne prit garde. Il fut très surpris et en même temps avait un doute car il n’était pas à 300% sûr qu’il s’agissait d’elle. Cette jolie femme face à lui avait des traits extrêmement similaire à ceux de son amie.

Ses doutes furent ôtés rapidement lorsqu’il su que c’était bien elle. Toujours expression faciale marquant l’étonnement il continua « Wouah j’en reviens pas de tomber sur toi… ici ?! ». Il lui fit instinctivement une accolade. La jeune femme avait, en dépit de similarités physiques de prime abord, avec la jeune fille qu’elle était autre fois, légèrement changé. Il ne ressentit pas une exaltation du côté de son amie rencontrée en France. Mais il était ravi de la retrouvé. C’était là une belle surprise.

« Dis-moi, je…. désolé de revenir là-dessus mais, j’étais venu emprunter deux trois choses. Des ingrédients pour la cuisine, si c’est possible bien sûr…. ».

   
   

Retrouvailles
 

« Debout, j’observe avec étonnement la maison de ma petite sœur. Devant celle-ci se trouve une vaste allée avec une belle pelouse bien entretenue avec sur le coté des arbres et un potager. Face à ça, je prends conscience de ce que j’ai manqué dans la vie de ma petite sœur. Elle avait du travailler durement pour gagner tout ça et je suis fière d’elle. Rentrant dans la maison, je vois un petit living, suivi d’un salon, salle à manger et cuisine équipée. A l’étage, trois belles chambres ainsi qu’une salle de bain et un bureau. C’est une maison assez simple mais parfaite à mes yeux. »

Au moment où j’ouvre la bouche, la personne se retourne et me fait face. Dans l’ombre j’ai du mal à reconnaitre la silhouette mais j’entends distinctement sa voix. Ce ton là me dit quelque chose, il a un léger accent italien. « Non ce n’est pas possible ! Il n’habite pas ici, ça doit être une erreur » mais très rapidement, je me rends compte que c’est la vérité. C’est bien Anton qui est dans le jardin de ma sœur me demandant si c’est bien moi. Je me rapproche doucement en souriant, cela fait tellement longtemps que je n’ai plus accueillit quelqu’un avec un sourire sincère : « Oui… oui c’est bien moi. » Un petit rire s’échappe de mes lèvres avant de rajouter : « Moi non plus je n’en reviens pas. J’ignorais que tu avais posé tes valises ici. » Lorsqu’il s’approche de moi pour me faire une accolade, mon corps se tend. Instinctivement, il se met en mode : peur. Pourtant je sais qu’Anton ne me fera jamais de mal. C’est un ami de longue date adorable. Voulant lui donner un peu plus d’informations : « J’avais besoin de quitter Paris quelques temps et comme ma petite sœur me manquait, je lui ai demandé si je pouvais venir chez elle quelques semaines. » avant de l’entendre me dire pourquoi il était là. Je souris : « Bien-sur que c’est possible. De quoi as-tu besoin ? » Je prends à nouveau mes sacs de courses en main et avance d’un pas décidé pour ouvrir la porte et faire rentrer mon invité dans la maison.

 

Cela faisait plusieurs années que Anton n’avait pas revu son amie française et ce fut une immense surprise que de la voir ici. Alors évidemment, il essaya de glisser un mot ou deux dans la langue natale de cette dernière « c’est bon de te revoir » avec un ton chaleureux. Il n’avait pas remarqué sur le coup qu’elle était légèrement crispée lorsqu’il la serra un instant dans ses bras pour la saluer.

Il sourit alors à cette jeune femme sur qui l’âge n’avait pas d’impact au fil des années. Cependant, lorsqu’il s’intéresserait davantage à elle, il remarquerait qu’elle serait légèrement différente. De prime abord cela ne se voyait pas. « oui, c’est une coïncidence à vrai dire, je… je viens d’emménager dans le coin il y a très peu de temps et comme tu vois, on n’a pas encore tout en cuisine… »

Machinalement il saisit des sacs de course qu’elle avait pour l’aider et la suivi à l’intérieur « Eh bien ce serait des épices surtout. Et si jamais tu avais un mixeur, cela me dépannerait, je te le rapporterai au plus vite » dit-il tout en observant l’intérieur de la maison qui était, elle aussi, en bord de lac.
« visiblement tu es ici depuis plus longtemps que moi ». Il remarquait que la maison était entièrement meublée et semblait être bien habitée. Anton avait su quelques instants auparavant que Katie était venue ici, chez sa sœur. « tu as l’intention de rester un moment ou tu es seulement de passage ? ».

Le cuisinier n’ayant pas vu son amie depuis fort longtemps, il espérait avoir le temps de lui parler un peu. Par curiosité, il demanda également « je ne pense pas te l’avoir demandé auparavant ou j’ai du oublier, mais… elle fait quoi ta sœur au juste ? »

Retrouvailles
 

Petite mes parents m’éduquent différemment : ma mère à la française et mon père à l’américaine. Cela ne m’a jamais posé problèmes mais en grandissant les enfants peuvent être jaloux : Avoir un père qui parle anglais à la maison ça a des avantages contrairement à d’autres où les parents ne parlent que français. En grandissant j’ai comprit que c’était bénéfique car je pouvais faire connaissance avec des gens de nationalités différentes et faire grandir ma culture générale.

Il m’est facile d’utiliser mes deux langues dans une même phrase mais je sais que pour certaines personnes c’est assez compliqué. Voyant l’effort qu’il fait de parler en français je lui réponds d’un ton chaleureux et en souriant : « Pareillement mon ami, ça fait tellement longtemps … »

J’observe Anton quelques minutes avant de me concentrer sur ce qu’il a, à dire. Je souris et croise vraiment les doigts pour qu’il ouvre un jour son restaurant ici. J’aimais sa cuisine et à son départ, je n’avais jamais trouvé un restaurant aussi bon que le sien. Toujours avec un sourire dessiné sur mes lèvres je prends le risque d’émettre mon avis : « Lorsque tu es parti je n’ai jamais plus trouvé un restaurant aussi bon que le tien. J’espère que tu ouvriras bientôt ici ? » Dis-je sincèrement tout en écoutant ce dont il avait besoin.

Lorsqu’il prend les sacs de courses, je me force à ne rien dire. Je sais que s’il veut le faire c’est pour m’aider et pas par pitié. C’est difficile d’être aider alors que pendant deux ans, mon homme avait tendance à prendre les choses les moins lourdes. Reprenant ma concentration sur ses paroles : « J’irai voir dans la cuisine, si ma sœur à tout ça mais je vais devoir chercher, je ne connais pas encore bien la maison. » Dis-je en faisant un clin d’œil avant de répondre à ce qu’il disait : « Ma sœur est là depuis plus longtemps que toi. Moi ça ne fait que quatre jours que je suis là. »
 
Sa prochaine question me met sans le vouloir dans un état de stress. Je ne sais pas combien de temps je resterai à Burlington. J’aime Paris, mais ça me rappelle de mauvais souvenirs. Je réfléchis et honnêtement lui répond d’une voix tremblante : « Je… Je ne sais pas si je resterai ici longtemps ou seulement de passage. » Une fois dans la maison, j’enlève ma veste et pars dans la direction de la cuisine, laissant Anton me suivre comme bon lui semble tout en réfléchissant à la réponse de sa prochaine question. Je suis proche de ma sœur, mais je ne sais pas ce qu’elle fait exactement comme travail, elle est partie il y a cinq ans, qu’elle n’en avait pas et depuis mon arrivée, nous n’en avons pas discuté. Je hausse les épaules et réponds : « Tu ne vas peut-être pas me croire mais j’ignore ce qu’elle fait. Elle est partie un jour après mon mariage avec Henry alors qu’elle n’avait pas de travail et pendant de longues années, je ne l’ai plus vue, juste des coups de fils rapide et du courrier. Depuis que je suis ici, on en a jamais discuté non plus car on a d’autres sujets de conversations » Dis-je avec une grimace. Car se sont des sujets assez délicats.

En y repensant, il a le droit de savoir car il connait Henry et il risque de le croiser en ville. « Je ne t’ai pas tout dit toute à l’heure, si j’ai eu besoin de partir de Paris et de retrouver ma sœur c’est… » « Et merde pourquoi c’est si difficile de le dire ? » « Non Laisse tomber, je te le dirai plus tard. » Je vais encore fuir, je cherche dans l’armoire après le bac à épices que je dépose sur le plan de travail une fois trouvé. Je pars ensuite à la recherche du mixeur, d’une voix plus rassurée je dis : « Il faudra peut-être le laver avant l’utilisation, je ne sais pas quand ma sœur l’a utilisé la dernière fois. » Non pas qu’il est sale mais il y a peut-être de la poussière dessus. Je finis par respirer un bon coup avant de proposer : « Tu veux t’assoir quelques minutes ? Boire quelque chose ? »

 

En voyant Kate, Anton avait l’impression de retourner en arrière et revoir les rues de Paris, les lieux qu’elle lui avait fait découvrir, ses confidences sur la formation qu’il suivait à l’époque. Avec le temps, Kay était devenue une véritable amie. Amie que l’italien retrouvait par le pur des hasard quelques années plus tard mais c’était presque comme s’ils ne s’étaient pas quittés aussi longtemps. Bien sûr que les deux avaient changés et le grand brun était quelque peu curieux de discuter davantage avec la jolie jeune femme. Mais il se disait que dans le fond, elle était toujours la même.

En portant les sacs, il entra donc dans la maison en suivant les pas de son amie. « Merci, je t’avoue que où j’étais en formation à Paris… c’était un lieu de renom aussi je ne faisais que contribuer et surtout j’apprenais beaucoup…. mais j’ai poursuivi en Italie et en Australie. Pour être honnête, j’espère peut-être un jour avoir mon truc à moi. Restaurant je ne sais pas… ». Il était plutôt content de savoir que la jeune femme aimait toujours sa cuisine. Il regarda d’ailleurs celle de la maison qui semblait plutôt complète avec tout le nécessaire pour préparer de bons repas. « Et bien ta sœur a de quoi faire » fit-il remarquer en touchant du bout des doigts le plan de travail avant d’y poser les sacs de course de son amie.

Il haussa les sourcils en apprenant qu’elle était là depuis peu « Ah d’accord… nous aussi on vient tout juste d’arriver, je crois que le hasard fait bien les choses ». Tout en observant comment elle se débrouillait pour trouver ce dont il avait besoin, il l’écoutait.. « Vraiment ?! Et bien si j’ai l’occasion je lui poserai la question ». Katie avait ramené sur le tapis un prénom qui impliquait que Anton pose la question « Ah en effet ça fait un petit moment alors que vous ne vous étiez pas vues ». L’italien s’interrogea sur la situation martiale de Katie qui venait tout juste d’évoquer Henry mais il ne posa aucune question.

Machinalement il entreprit de déballer le sachet dans lequel il y avait de quoi manger pour faciliter la tâche de rangement à Katie. Un peu comme s’il était chez lui. Il ne jugeait absolument pas le contenu du sachet. En cours de route, il s’arrêta en entendant que la jolie brunette avait davantage à lui dire. Il fut dubitatif lorsqu’elle s’arrêta en cours de route pour ne pas terminer ses propos. Evidemment cela l’intrigua car il semblait que Katie avait envie de lui parler de quelque chose sans y parvenir. Il la regarda l’air de dire ‘ça va’ mais n’insista pas dans l’immédiat. « D’accord, comme tu le veux… » fit-il avant de la regarder saisir le mixeur dans un placard en hauteur. « Oui bien sûr, et je le rendrai au plus vite, j’espère qu’elle n’en a pas besoin de suite ».
Regardant le mixeur et comment il fonctionnerait il regarda ensuite son amie qui lui proposait quelque chose pour se désaltérer. « Hmmmm pourquoi pas. Je ne dois pas trop tarder mais va pour un verre d’eau ou un jus de fruit si tu as ».

Il prit place à un tabouret près du comptoir central de la cuisine et observait toujours son amie. « Je me souviens à Paris quand tu avais pleins de projets dans la tête pour ton avenir. Je suis en train de me demander, avec le temps, est-ce que tu es satisfaite de la vie que tu mènes ? »[/b]. Question philosophique en quelque sorte mais cela sorti tout seul. Peut-être que dans son inconscient il souhaitait s’assurer que cette femme qui était une amie de longue date, était heureuse.