Trois ans plus tard... [Sebastian]

Sebastian écoutait la réponse de sa partenaire tout en tirant lentement sur sa cigarette. Il afficha un modeste sourire, il espérait ne pas trop l'avoir vexé pour autant. Après tout, mieux vaut prévenir que guérir. " Je comprends mieux pourquoi tu sortais souvent ton téléphone en cours. T'aurais du me dire tout de suite que c'était pour me photographier en cachette." . User d'un peu d'humour pour détendre un peu l'atmosphère. Enfin, pour lui, parce que la jeune femme semblait très à l'aise. Sebastian n'était pas gêné à proprement parlé par les paroles de son ancienne élève mais par le fait qu'il avait bien longtemps attendue une discussion censée avec une personne qui ne lui était pas inconnue. C'était étrange pour lui de savoir qu'un lien, même peu considérable jusqu'à maintenant, les unissait. Mais il allait bien falloir mettre de côté cette pudeur un jour ou l'autre. " Tu veux venir à la maison ? J'habite tout près. ". Après tout, rien ne l’empêchait de prendre les devant dans cette affaire. Il plaisait apparemment à la jeune femme et celle-ci avait laissé son image de lycéenne bien derrière elle ce soir.

Il jeta son mégot au sol et passa un bras autour de la jeune femme. D'un côté, il était rassuré pour elle de savoir qu'elle ne rentrerait pas chez elle toute seule. Burlington a beau être une petite ville, des fous, il y en avait partout. Puis d'un autre, sa présence ne lui dérangeait vraiment pas. C'était nouveau pour lui de pouvoir rentrer chez lui sans aucun problème après une soirée dans un bar. Les voisins n'auront déjà plus à se plaindre du vacarme. Pour la compagnie, c'était une autre histoire.

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Sebstian ouvrit sans grande difficulté sa porte d'entrée. "Tu m'excuseras pour le bordel." A savoir les copies étalés sur la table qui n'avaient pas bougé de place, les quelques bouteilles vides traînant à côté, le cendrier qui avait bien besoin d'être vidé tout comme la vaisselle presque débordante. Hormis ça, son appartement était plutôt propre, celui d'un père célibataire qui n'avait de compte à rendre à personne sur sa décoration. " Tu veux un truc à boire ? Soft ou hard, à ta guise. J'ai même du nesquik." Parce qu'il en fallait peu pour faire plaisir à sa gamine. Sebastian avait un véritable bar dans sa petite cuisine. Il ouvrit le frigo et se prit une bière en attendant la réponse de l’intéressée. Il s'accouda au bar, amusé sans grande raison par la jeune femme. Il avait plus l'impression d'être dans un véritable rendez-vous qu'autre chose et ça le perturbait quelque peu.

Elle était maintenant toute proche. Sebastian eût à peine le temps de finir sa première gorgée qu'il fut surprit par un baiser volage et inattendu, du moins, pas à ce moment précis. La jeune femme ne semblait décidément pas gênée par son statut d'ancien professeur et les appréhensions de Sebastian s'étaient envolé aussi rapidement qu'elles furent apparues. Un sourire se dessina lentement sur son visage. Encore plus après la petite annonce de Serena. Oh non, elle n'allait pas partir maintenant. " J'aime bien le Scrabble.. mais je préfère tout de même ça." Il lâcha sa bière et prit la jeune femme par la taille, de sorte à la rapprocher pour mieux l'embrasser. Il avait prit l'initiative, et il espérait que son ancienne élève avait du souffle car il ne comptait pas rompre ce french kiss. Leur danse se fit jusqu'au canapé, où la jeune femme se retrouva piégé par la force bestiale du trentenaire qui tomba au vu de la place restreinte, emmenant avec lui sa partenaire qui était désormais à califourchon sur lui, au sol " On sera peut-être mieux dans la chambre, tu ne crois pas ?". Il avait dit ça d'un sourire béat. Il ne pouvait plus se rappeler de la dernière fois qu'il s'était sentie aussi heureux. D'ailleurs, il ne voulait plus se remémorer quoique ce soit. Il n'y avait plus qu'elle et lui.

Sebastian fronça faussement les sourcils. " Hm, j'ai vingt ans d’expérience derrière moi. Je parle en connaissance de cause." Répondit-il à sa blague avant de lui prendre la main et de la tirer jusqu'à sa chambre, là où l'étudiante s'empressa de lui enlever son t-shirt. Il la plaqua au mur et laissa ses pulsions contrôler le tout. Il n'était pas non plus du genre violent. Les compères n'étaient plus séparables. L'échange se perdurait tandis que Sebastian laissa ses mains se baladaient un peu partout sur le corps de sa partenaire, relevant doucement sa robe moulante avec un peu d'aide de sa part cependant. Il la fit allonger sur le lit, en profita pour enlever ses chaussures et déboutonner son jean et s'affala litteralement sur elle. Malgré son jeune âge, Serena semblait avoir une bonne maîtrise, de quoi rassurer encore plus le trentenaire dans ce qu'il faisait. La suite, il n'était pas compliqué de la deviner...
"Alors, tes copines vont te croire ou pas ?" Il caressait les cheveux de Serena, la tête posée sur son torse. L'échange avait duré pas mal de temps et Sebastian rêvassait. Quelque chose avait changé, si on ne prenait pas en considération le fait qu'il avait pu apprécier le moment sans être manipulé par un esprit alcoolisé. Il espérait intérieurement que la jeune femme partageait son avis sur ce coup-là, mais il se tût.

Une tonne de scénarios avaient défilé dans l'esprit du trentenaire, mais pas celui-là. Serena avait changé, déjà par la réplique qu'elle lui donna. Il n'avait pas voulu la vexé, si ce n'était que ça. Elle avait commencé à rougir, s'était relevé d'un bond et surtout avec pudeur, ce qui ne lui ressemblait pas jusqu'à maintenant. Non, Sebastian ne s'y attendait vraiment pas. " Dans la poche arrière." Un silence de plomb s'était installé. Un silence qui permettait à Sebastian une véritable remise en question. La réalité était revenue sans prévenir. Qu'avait-il fait de mal ? Pourquoi réagissait-elle comme ça ? " Dis moi ce qu'il y a." Non, il n'allait pas jouer la carte de la question sans réponse. Si Serena voulait répondre par la négative, libre à elle, mais il n'était pas dupe pour autant. Il regarda la photo de ses filles sur la table de chevet : Peut-être que ça venait de là. Trop d'hypothèse. Il n'osait plus rien faire si ce n'est que de la fixer en attendant un quelconque signe. Il n'osait même plus la toucher. Sans rien dire, il se leva et enfila le premier bas qui lui vint en main avant de se diriger dans la pièce où tout avait commencé. Les bières encore pleines n'avaient pas bougé de place. Il prit la sienne et partit sur le balcon. Serena n'était pas la seule à avoir besoin de se ressourcer. Il ressentait une forme de frustration, celle à laquelle il ne pouvait mettre de nom. Etait-ce Serena ? Etait-ce lui ? Etait-ce cette ville qui le rendait fou ? Quelque chose était vraiment différent, il se l'était répéter depuis le début. Mais quoi ? Peut-être s'était-elle rendu compte de son erreur. Parce que c'est un fait, Sebastian n'était fait pour personne.

Les yeux rivés sur le paysage, il entendit cependant les pas de la jeune femme se faire de plus en plus proche. Elle s'était rhabillé, ce qui ne plaisait déjà pas de base au trentenaire. Sebastian avait sentit sa phrase venir à des kilomètres, à tel point qu'il n'avait pas réagit directement. C'est en entendant la dernière réplique de la jeune brune que Sebastian se décida à la poursuivre dans la chambre. " Non ! Ecoute, prends le premier t-shirt que tu trouves dans l'armoire, enfile-le et va te coucher. Ça me rassurera plutôt que de te savoir dehors à cette heure-là. Je vais dormir sur le canapé." Deuxième claque. Même lui ne s'attendait pas à le lui dire. Pourquoi avait-il fait ça ? C'est vrai, elle pouvait au moins attendre jusqu'au petit matin pour fuir. Ou bien, il pouvait aussi la laisser partir, la laisser vivre. Mais il ne voulait pas. Il n'était pas du genre à se soucier du sort de ses conquêtes. Serena avait retrouvé ses esprits et elle pouvait très bien s'en aller. Mais Sebastian n'en restait pas moins sur. Serena s'était de nouveau transformé en une élève, en une étudiante qui était jeune, qui avait toute la vie devant elle. Qu'est-ce qu'il avait fait ?