(ft. Sean) Dream on.

dream on

Hope et Sean

« Sing with me, sing for the years. Sing for the laughter and sing for the tears. Sing with me, if it's just for today. Maybe tomorrow the good Lord will take you away. » Je chantonnais, dans le fond du bus quasi vide, regardant le paysage défiler, pas très sûre d'avoir envie de faire la fête ce soir. Pourtant il le fallait bien. J'avais peur d'être à nouveau ivre avec Sean, en fait, et de dire de la merde. Je le voyais toujours, bien sûr, c'était beaucoup trop nécessaire. Mais j'avais recherché beaucoup plus activement après un logement, et je l'avais presque trouvé. J'évitais subtilement ou non toute conversation sérieuse et éludais ses regards parfois. Je ne savais pas ce qu'il se passait en lui, mais moi je savais que tout ça m'avait complètement bousculée et je n'avais pas l'impression que nous arrivions à venir à la normale. Pourtant nous riions toujours, nous passions toujours d'excellents moments, mais des petites choses faisaient que c'était différent. Fallait par exemple que j'arrête d'avoir mon coeur qui se retourne à chaque fois que je lui frôlais la main ou ce genre de connerie. C'était abusé. Sortie du bus une fois arrivée à proximité de chez notre amie commune, je sortais une clope, au final communiquer avec des gens me permettraient de bloquer mes pensées une soirée et c'était très bien.

La soirée était bien avancée maintenant. C'était bizarre, j'avais l'impression que même nos soirées devenaient plus adultes, genre ils servaient des zakouskis et les boissons étaient également plus évoluées. On était loin de l'année de mes 20 ans où nous nous contentions de bières basiques, de chips et de pâtes dégueu. Les gens étaient même presque propres. Pas que je ne me sentais pas à ma place ici, enfin si mais ce n'était pas pour ça. Lisa, notre hôte, avait l'air déjà bien émèchée malgré le côté plus adulte de l'événement, nous finissions toujours de la même manière. Mais ce qui me saoulait c'était qu'elle collait Sean depuis le début de la soirée, et je commençais à bouillir dans mon coin. Cela me sortait par les trous de nez, moi qui d'habitude passait à côté sans trop de difficulté. L'apothéose fut quand elle souffla les bougies, la pimbêche – je pensais ça parce qu'elle collait Sean, je l'aimais bien initialement – lâcha un : « Je vais réaliser mon voeux tout de suite ! » Et lui colla un smack sur la bouche. Ce fut la goutte d'eau, mon regard croisa celui de Sean, je ne pus masquer mon mécontentement, je posais mon verre brusquement sur le meuble à côté de moi et quittait la pièce avant de faire scandale. Heureusement, j'étais dans un coin reculé, et la plupart ne m'avait pas remarquée, les autres ne s'en inquièteraient pas. Je me réfugiais dans la cuisine et enfouissais mon visage dans mes mains, prise d'une rage folle : « Contrôle-toi, contrôle-toi, contrôle-toi. » Soufflais-je pour moi-même, inspirant et expirant pour me calmer.

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Hope et Sean

Ce n'était tellement pas mon genre d'être jalouse. Je devais être la fille la moins jalouse du monde initialement, les rares fois où j'avais eu un mec plus d'une nuit, je le jetais presque dans les bras d'une autre fille pour qu'il me laisse respirer et m'oublie. Sean, bien sûr, ça m'était déjà arrivé, d'avoir un petit pincement au coeur quand je le voyais avec une autre, mais c'était pas la même chose, j'étais sa meilleure amie, je savais que personne ne prendrait cette place, elle était mienne et c'était tout. Mais maintenant c'était différent, je ne savais pas ce qui m'arrivait mais ça m'énervait tellement ce petit geste-là ! C'était qu'un smack mais merde, ça me crevait l'estomac de me dire que quelqu'un d'autre l'avait embrassé. Je détestais ce sentiment, je détestais cette violence dont j'étais soudainement capable.
Je redressais la tête finalement en soupirant un dernier grand coup, cherchant la force d'affronter le reste de la soirée sans l'étriper. Sean arriva alors, m'assénant le coup fatal. Pourquoi tu viens ? Tu veux observer ma souffrance interne c'est ça ? Viens pas me voir quand je suis faible et violente comme ça. « Ça va ? Comme j'ai pas eu trop l'occasion de venir te dire bonsoir... » Il s'était mis de telle façon que je ne pouvais pas fuir. Je n'en avais même pas l'envie, ça me soulageait en fait de le voir là, plutôt qu'en train de rouler des pelles à l'autre. En vrai, ça me rassurait même un peu qu'il ait compris ma détresse et qu'il soit venu à mon secours. Est-ce que ça allait ? Non, pas du tout, et il le savait très bien. « Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais retourner près de Lisa, elle a l'air pas mal à ton cul ce soir, il me semble. Tu devrais en profiter ! » C'était sorti tout seul, je regrettais aussitôt et baissais les yeux. « Désolée... Je voulais pas dire ça. C'est juste que... » Que lui dire exactement ? C'est juste que quoi ? Je savais qu'il fallait qu'on parle, c'était plus que nécessaire, on avait trop attendu, mais je ne savais pas mettre des mots dessus. Je relevais les yeux vers lui et plantais mon regard dans le sien, il fallait que j'arrête de fuir, ça suffisait : « On doit en parler, j'imagine. Mais je sais pas quoi dire. »

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Hope et Sean

Il avait ri. Il. Avait. RI. Il n'avait pas mal pris ma réflexion, et n'était pas resté d'un sérieux de pierre tombale, non, il n'avait pas mal pris mes mots, il en avait même ri. Que ce soit un rire nerveux ou non, ça me soulageait de me dire ça. Ca voulait dire qu'il n'était pas fâché de découvrir cette nouvelle facette de ma personne, ça voulait dire qu'il n'était pas déçu. « Je venais juste en paix. » Quand j'y réfléchissais je me disais que j'étais bête, bien sûr la situation était risible, j'étais devenue un vraie fauve d'un coup, et je constatais seulement maintenant le ridicule de la situation. Moi aussi j'aurais sans doute eu mon sourire si j'avais été à sa place. Je me demandais s'il aurait pu être jaloux aussi pour si peu. Ca me rendait vraiment dingue de pas savoir ce qui se passait en lui, comment il vivait notre récente écartade, s'il regrettait ou pas. Je voulais le secouer pour qu'il me déballe tout.  
Visiblement, il était d'accord avec moi, et il venait même pour ça : il fallait qu'on discute. Il avait eu raison de profiter du moment où j'étais le plus susceptible de lui parler, ce moment où j'étais envahie par l'envie de brûler toutes les autres femmes de la planète.  « Que dire, que dire. » Tu vois que c'est compliqué !  « Tu dois admettre que mon lit est super confortable et que c'était une nuit plutôt agréable. » Je ne pus m'empêcher de rire et secouer la tête à ses mots. Il avait le chic pour mettre les pieds dans le plat, c'était exagéré. Je levais les yeux au ciel.  « C'est à mon tour de m'excuser, quand je suis nerveux, je dis des conneries, tu me connais. » C'était bien là le problème, je ne lui connaissais pas ces réactions là, pas avec moi, j'avais peur des différences qui faisaient notre relation à présent. Parce que d'habitude je pouvais le calculer. Et que maintenant ce n'était plus autant le cas. J'haussais les épaules, sa blague stupide avait au moins su me détendre un peu.  « Non mais en vrai, t'as raison. J'ai presque honte de l'avouer mais... Ton lit est vachement plus confortable que ton canapé. Je comprends que tu veuilles pas échanger. » J'avais pensé « partager » mais je craignais encore les sous-entendu. J'inspirais profondément puis eus un petit sourire timide qui ne me ressemblait pas vraiment :  « J'avoue que c'était sympa. Maintenant est-ce que ça valait le coup ? » C'était tellement dur d'en parler ! Et puis « sympa » c'était vraiment le pire des qualificatifs, ça avait été beaucoup plus que ça. Je passais ma main au creux de ma nuque, mal à l'aise et ajoutais : «  Enfin, je veux dire, est-ce que tu regrettes ? Si t'avais l'choix, t'effacerais, toi ? » C'était une question à double tranchant, toute réponse serait difficile à entendre, je ne voulais pas qu'il regrette et en même temps, si ce n'était pas le cas, je n'étais pas persuadée que ça nous aiderait non plus. Je le scrutais, de nouveau sérieuse, le ventre un peu tordu.

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Hope et Sean

« C'était sympa ? Merci. » Je n'ai pu m'empêcher de rire et lui lancer un regard plein de sous-entendu, il devait bien comprendre que je me censurais pour notre propre bien. Je n'allais pas lui dire crument que ça avait été la meilleure nuit de ma vie etc. Déjà que la situation nous embarrassait tous les deux, nous n'avions pas besoin d'aller trop loin non plus. D'abord il fallait nous habituer à la conversation. J'attendais la réponse à ma question, une boule au ventre, ne le quittant pas du regard, ne pensant pas au fait que ça pouvait peut-être le gêner. « Non, je ne regrette pas parce que si on l'a fait, même bourré, c'est qu'au fond, on en avait vraiment envie. » Je ne pus empêcher un petit sourire satisfait que je tentais de dissimuler, mais ses mots me rassuraient, comme si c'était réellement ceux que j'avais espéré. J'adorais cet air gêné qu'il arborait, je n'avais pas du tout l'habitude de le voir comme ça, et si la conversation ne s'y prêtait pas maintenant, je savais que je le charrierais longtemps sur cette bouille inhabituelle que j'avais eu le droit de voir. Je me serais clairement foutu de sa gueule à l'origine, lui lâchant un « haan, t'es gênéééé », mais là je l'étais autant que lui, et je trouvais ça plutôt touchant de le voir comme ça pour ça. « Donc je n'effacerai pas. » Belle conclusion, cette fois je ne pus retenir mon sourire. Je me mordis la lèvre pour me contenir et regardais subitement ailleurs, peut-être un peu transportée par cette réponse. Moi qui lui disais toujours qu'il se sentait pousser des ailes à chaque compliment, maintenant c'était à mon tour de me laisser aller à cette réaction. « Et toi ? Est ce que t'aurais appuyer sur le bouton reset ? » Je posais mes mains sur le plan de travail derrière moi, tendant les bras pour me porter et m'asseoir dessus. Mes jambes pendaient dans le vide et je les balançais comme une gamine. Cela me permettait de prendre le temps de réfléchir à ma réponse. Il ajouta alors :  « Tu prendrais la pilule bleue ou la rouge ? » J'eus un rire et levais les yeux au ciel. Il ne changeait pas, et ça, c'était décidément très bien. J'aimais l'idée qu'il ne change pas d'attitude envers moi, que nos conversations soient toujours drôles et référencées, malgré le sujet bien difficile à aborder. « J'imagine que le mieux pour moi serait d'oublier, vu comment l'affaire me pousse à fuir tout le temps, et me rend même violente visiblement... » Je levais les yeux vers lui et souris : « Mais non, définitivement, je prends la rouge. » J'imagine que Sean était ce putain de lapin blanc, et que j'étais prête à le suivre au fond du gouffre. Cette référence était bien amenée, c'était vrai que j'avais ce choix à faire : oublier et faire comme si, suivre une vérité qui n'était pas, et garder cette impression de fausse réalité toute ma vie, ou assumer ce que j'étais, ce que je ressentais, et regarder la vérité en face, même si elle était douloureuse et terrifiante parfois, elle était également salvatrice. « Et maintenant ? » Qu'est-ce que cela impliquait désormais ?

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Hope et Sean

J'étais encore focalisée sur la comparaison à Matrix, décortiquant tous les points commun entre notre situation et le film. Ca me faisait marrer intérieurement, mais c'était vrai, en plus. Nous étions face à une nouvelle réalité que nous avions décidé d'affronter, et même si c'était compliqué, nous étions désormais certains d'être en accord avec nous-même. C'était le plus important. C'était vrai, Sean avait raison, si nous étions passé à l'acte, l'alcool n'en était pas la cause. Il avait juste aidé. Je repensais à la première fois où nous avions regardé Matrix et qu'il m'avait fait le coup des m&m's, nous avions mangé tous les rouges du paquet en premier. Et nous avions jeté les bleus. Par contre, on n'avait pas été fou, on avait quand même mangé le reste du paquet. Fallait pas déconner.
« Violente ? Je vois absolument pas de quoi tu parles ! » J'avais fait une fausse tête désolée, fausse parce que je savais que si Lisa revenait à la charge, mon sang ne ferait qu'un tour et j'aurais été obligée de la butter. D'ailleurs, la soirée n'était pas finie, ça finirait bien par arriver si je ne lui faisais pas comprendre le problème tout de suite.
Quand j'eus posé ma question, Sean me répondit avec un sourire qui fit brûler mes joues. Je détestais ça. Bon dieu, quelle horreur. « Et maintenant. Et maintenant, et si tu sauvais la princesse du vilain dragon ? Et qu'on s'enfuyait dans le carosse de la princesse, ô, prince charmant ? » J'éclatais de rire et me laissais aussitôt retomber à pieds joints sur le sol . « Estime-toi heureux que je lui arrache pas les dents une à une à ce putain de dragon. Tu me montres où est garée ta citrouille, princesse ? » J'insistais sur le dernier mot et lui lançais un sourire amusé. Ok, on avait parlé un peu, mais rien n'était clair pour autant, et je ne savais pas si nous allions réellement éclaircir la chose, mais quitter la soirée était sans doute la meilleure idée pour que nous puissions communiquer correctement.

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Hope et Sean

Je repensais à tous ces jours passés depuis que nous avions craqué, je repensais à tout ça et me disais que pour la première fois j'étais sereine depuis cette fameuse nuit. Pourtant rien n'était réglé, en vérité, il y avait bien trop de questions sans réponses, nous allions avancer sur un terrain inconnu et si nous avions décidé de ne pas prendre la pilule bleue, cela ne voulait rien dire de plus que le fait que nous décidions d'assumer. Mais assumer ce qui s'était passé, ne voulait rien dire par rapport au futur. Bien sûr, une voix tout dans le fond me faisait flipper à me dire que ça allait partir en couille à un moment ou un autre, que nous n'avions pas encore réellement parlé, et que de nouveau nous nous envoyions des conneries pour nous donner l'impression de communiquer.
Mais pour le moment ça allait bien, je n'avais pas envie de tout gâcher. Je me sentais comme une gosse, avec des réactions qui ne me ressemblaient pas. J'arrivais pas trop à capter ce qui faisait qu'il arrivait à animer tout ces trucs chelou en moi, mais fallait que j'arrête de nier l'évidence, il me rendait plus dingue que je ne le voulais. «  Pas la peine de l'envoyer chez le dentiste, elle n'en vaut pas la peine. » J'ai lâché un bref soupire provoqué par un sourire à ses mots. Il a disparu chercher nos vestes et je l'ai retrouvé dans l'entrée, réceptionnant la mienne et l'enfilant, rassurée de voir que nous avions évité les au revoir avec tout le monde et notamment celle qui n'était pas trop mon amie ce soir – c'était d'une tristesse, je l'aimais bien à la base ! J'espérais qu'il aie pris la voiture et pas la moto, vu que j'étais en mini-short par-dessus des bas mais je constatais le contraire en sortant. Puis je pensais à cette proximité obligée et la Hope de l'autrefois s'anima un peu en moi, paniquée. J'ai réceptionné le casque et l'ai enfilé par dessus la masse de mes cheveux avant de m'installer derrière lui. Je l'avais fait un million de fois auparavant mais cette fois était différente, je ne savais plus ou mettre mes mains exactement. « Accroche toi... » Je ne pus empêcher un sourire, et glissais maladroitement mes bras autour de lui comme j'aurais pu le faire naturellement avant. Je profitais que ma voix n'était pas encore couverte par le bruit du moteur pour lancer : « Et tu m'emmènes où au juste ? » Je n'étais pas sûre de vouloir rentrer tout de suite. Si je rentrais chez lui, nous allions nous réinstaller dans nos habitudes confortables et cela n'aiderait pas à l'évolution des choses. Une chose était sûre, je n'avais plus envie de voir personne d'autre. J'appuyais finalement ma joue sur son dos, la tête et le coeur pleins de contradictions. Finalement peu importait où il m'emmenait, ce serait là où j'aurais envie d'être. Je fermais les yeux et resserrais un peu mes bras autour de sa taille, cette fois, pas comme d'habitude, peut-être de manière plus possessive, j'en savais trop rien en fait.