Brianna & Willow

Cela fait un an jour pour jour que je suis arrivé en ville, un an également que je suis parti de la vie de mon fils. Il devait arriver d’ici quelques jours mais sa mère vient de me téléphoner pour décaler, sans me donner de raison spécifique. Je raccroche le téléphone, anéanti. J’étais tellement heureux d’enfin pouvoir l’accueillir à la maison. Lorsque je vais à New-York, nos weekends père/fils se passent souvent dans une chambre d’hôtel où nous faisons toute sorte d’activités mais c’est tellement court… Quelle idée j’ai eu, aussi, d’accepter cette mutation à des centaines de kilomètres de ma chair. Il y a de ces jours où je le regrette profondément, même si c’était mieux pour moi de m’éloigner, pour oublier cette ex-femme que j’aimais tant lorsqu’elle m’a quitté. Burlington, c’était un nouveau départ, une nouvelle vie et je dois dire que je suis heureux depuis que j’y habite. C’est loin d’être un échec. Il manquerait juste Simon pour combler ce bonheur au final. Je regarde au loin, à travers la porte vitrée de mon salon et j’observe les arbres bouger au gré du vent. C’est agréable, reposant, déstressant. Puis, je finis par me lever du canapé. Ce n’est pas en restant seul à la maison que j’arriverais à tromper la solitude. Je décide d’aller faire un tour au parc. Du haut de la falaise, j’observe l’étendue d’eau pendant un instant et je reprends ma route, le long des sentiers fleuris. Des enfants jouent tout autour. Mais bientôt, ce qui ressemble à un coup de feu se fait entendre. Un homme cagoulé déboule de nulle part et la plupart des gens fuient alors que je suis cloué sur place pour ma part, incapable de bouger. Il est encore assez loin pour que je ne risque pas. Nous ne sommes plus que quelques uns à être encore sur place. « Faut qu’on parte ! » Je lance à leur attention, assez fort pour qu’ils m’entendent mais pas l’homme cagoulé qui porte son attention sur je ne sais quoi. Néanmoins, je ne bouge pas pour autant…

Que faire ? La panique me gagne, même s’il ne faut pas que je la laisse gagner. Il y a des femmes et des enfants encore sur place et un homme se doit de protéger les personnes plus fragiles, ou en tout cas, c’est ce que ma mère me disait toujours quand j’étais petit. J’hoche la tête. Ca ne me serait pas venu à l’esprit de crier, mais je comprends qu’elle parle sûrement pour le petit garçon dont les parents semblent avoir disparu de la circulation. Par un miracle, j’arrive bientôt à m’approcher d’eux, même si j’y vais discrètement pour pas que l’homme regarde en notre direction. « On va essayer de se déplacer au sol, ça attirera moins son regard normalement… » Enfin, scientifiquement parlant, ça me semble être la meilleure alternative en tout cas. « Derrière les arbustes là-bas, on devrait être plus en sécurité. » Enfin en sécurité, tout est relatif… S’il s’approche et nous remarque, nous ne pourrons pas lui échapper bien longtemps. « Bonhomme, va falloir rester calme. Je sais que tu dois avoir peur mais on va te protéger, d’accord ? » Je lui adresse un sourire encourageant avant de regarder la femme de la même manière et afin de savoir si elle est prête. « Suivez-moi. » Un dernier sourire et je me mets à quatre pattes en direction des buissons. Sauf que l’homme s’approche et j’ai clairement peur… Je ne prends même pas le temps de savoir si le deux sont derrière moi.

Arrivé au niveau du buisson, je prends enfin soin de regarder derrière moi. ET MERDE : Je vois la femme avec une tache au niveau du front. Faut m’expliquer comment les vilains ont réussi à faire ça quand je le remarque. J’ai eu l’impression de les quitter du regard le temps d’une seconde seulement. Je m’en veux terriblement et lorsqu’elle arrive à mon niveau, je ne peux pas m’empêcher d’être en colère contre ces hommes et comme moi-même. « Mais ils n’auraient pas pu s’attaquer à quelqu’un de leur taille plutôt que de s’en prendre à une femme et à un enfant ? » Genre frapper un homme, c’est la moindre des choses ! « Est-ce que ça va aller ? » Je m’approche afin de voir l’étendue de la blessure. « Je ne suis pas un expert mais ça n’a pas l’air de trop trop saigner, enfin pas au point de devoir courir à l’hôpital dans la minute. » J’émets tout de même une grimace. Ce serait la meilleure des choses à faire pourtant mais clairement, si on se fait repérer et si on se met dans le passage des hommes cagoulés, on risque de plus gros ennuis… Je sors un mouchoir en tissu propre de ma poche et le temps à la brune. « Tenez, appuyez avec ça. » Je ne peux pas faire grand-chose de plus pour l’instant. Je me lève discrètement, prenant soin de ne pas être vu et j’analyse ce qui se passe au dehors avant de redescendre au sol. « C’est bizarre qu’il ne vous ait pas tué… Enfin, tant mieux évidemment mais… Vous ne pensez pas que ça peut vouloir dire qu’ils sont en désaccord ? » Genre comme dans certains films où un des méchants est présent uniquement parce qu’il est le frère du chef de gang et donc parce qu’il n’a pas trop le choix, et lui préfère que personne ne soit blessé… J’essaye d’élaborer un plan mais clairement, je n’ai pas les idées claires… Comment est-ce qu'on pourrait se servir de lui ? Sauf que mon attention retombe bientôt sur l'enfant qui se met à trembler, à la limite des convulsions. « Lui aussi ils l'ont frappé ? » Question con sans doute mais j'essaye de comprendre ce qu'il lui arrive