Vous avez perdu quelque chose ? - Zara&Spencer

Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les amoureux se bécotaient. Que demandait le peuple? J'étais aussi de sortie, bien sûr. Ce temps était idéal pour "chasser". Certaines filles chassent les conquêtes, et ajoutent à leur tableau de chasse les personnes qui finissent dans leur lit, moi je n'étais pas de ce bord là. Ce que je traquais, c'était les gens distraits, imprudents, qui pouvaient me permettre de m'enrichir. Au regard des passants, je n'étais qu'une fille normale qui se promenait. En réalité, je regardais un peu partout pour chercher une cible parfaite. Un bref mouvement, et hop, un portefeuille termina dans mon sac à main. Je continuais alors ma route tranquillement, comme si de rien était. Je regarderais le contenu plus tard.

Je décidais de m'arrêter un moment. Me poser à la terrasse d'un café pour compter mes gains. Ils étaient plutôt satisfaisants ! je remis le portefeuille dans mon sac et me levais pour reprendre ma route. Mon regard se posa alors sur un homme, qui avait posé sa sacoche sur sa table, et qui semblait regarder ailleurs. Un sourire en coin sur mon visage, je pris la direction de cet homme et rapidement, posais ma main sur la sacoche pour l'embarquer. Je cachais l'objet rapidement sous ma veste, je pensais dès lors que j'allais m'en tirer comme ça, et que l'homme m'avait pas vue. Je ne me dépêchais donc pas plus que de raison sinon je risquais de paraître suspecte.

Il fait beau. Une journée idéale pour sortir, au lieu de rester terré dans son appart en matant la saison 6 de Games of Thrones. Bon. Comme toujours depuis que j'ai 11 ans (à peu près), je me fais mon rituel "beaux jours" : se faire plaisir dans un restaurant avec mes économies, puis direction Aqualand. Le resto, tout seul, après mon frère me rejoint parce que les parcs aquatiques tout seul, c'est pas très drôle.
Me voilà donc attablé à la terrasse d'un charmant restaurant, auquel j'ai très bien mangé, pour un prix raisonnable en plus. Il est quinze heures, un peu plus peut-être, j'ai pris mon temps. Dire que j'avais dit à mon frère qu'on se retrouvait à quatorze heures, il doit être furieux. Je sors mon portable de ma poche, je ne m'étais pas trompé, quatre messages d'Alexander qui me demande où je suis, qui me dit qu'il va partir, etc. Je le connais, il ne pense pas un mot de ce qu'il dit et quand j'arriverai, il sera encore là. Peut-être en se matant GoT. Après, il va me passer un sermon, je vais me foutre de sa gueule, puis on va aller faire des toboggans. Comme d'hab, je vous dis.
Une serveuse m'apporte l'addition. Je fouille dans ma poche, pas de portefeuille. Je commence à paniquer mais je me rappelle qu'il est dans ma sacoche, qui est à l'autre bout de la table.
Je dois rêver. Elle n'est plus là. C'est juste pas possible. Je l'avais. On me l'a forcément volé, mais comment ai-je pu ne rien voir ?
Je me lève en furie, une serveuse m'interpelle : "Monsieur, vous n'avez pas payé !" Je réponds, affolé, que je reviens, que j'ai perdu mon portefeuille. Je me poste dans la rue, sonné, je regarde quelles personnes seraient susceptibles d'avoir volé. Déjà qu'il n'y a pas grand monde, des couples en plein roulage de pelle, à mon avis ils ne se seraient pas dérangés, quelques mémés, une jeune fille qui doit avoir mon âge. Pour moi, et mon côté parano, c'est la seule suspecte. Lorsque je m'approche, je remarque que sa veste semble cacher quelque chose d'assez volumineux.
- Excusez moi, vous ne venez pas de vous arrêter à ce restaurant ? Mieux vaut ne pas commencer trop dûrement, si je me trompais, j'en prendrais les frais.

Et une bonne chose de faite. Satisfaite, je continuais ma route, la sacoche sous ma veste. En même temps, je fouillais à l'intérieur pour peut-être en sortir quelque chose qui en vaille la peine. Je sentis quelque chose, et cette forme ne trompait pas la voleuse que j'étais: un portefeuille. J'étais chanceuse ! Toujours sans éveiller le moindre soupçon -du moins, le pensais-je-, je transférais le portefeuille de la sacoche à la poche intérieure de ma veste. Et grand bien m'eut pris, car l'homme m'interpella peu après pour me demander si je ne m'étais pas arrêtée au restaurant par là bas. Je secouais négativement la tête, j'avais beau dire ce que je pensais d'habitude, ça ne m'empêchait pas de mentir naturellement quand je venais de voler quelque chose.

- Non désolée, je n'ai fait que passer.

J'avais déjà une excuse toute faite pour ce qui était de la sacoche s'il abordait le sujet, d'autant plus que j'avais déjà rangé le portefeuille dans ma poche, donc ça pourrait d'autant être plus crédible. J'étais diaboliquement douée pour le vol, mais c'est ça qui est bon. Après lui avoir répondu, je repris ma route. Si je pouvais garder la sacoche, c'était tout bénef !

Je me méfie. Ca fait partie de moi, de me méfier, donc maintenant j'ai des habitudes. Par exemple, là, quand elle va répondre, je vais observer son visage. Je vais chercher de l'hésitation, quelque chose comme ça. Parce que, elle cache quelque chose dans sa veste, du gabarit de ma sacoche. Et qu'elle se fout de ma gueule ouvertement. De toute façon, je continuerai à la suivre, si elle nie et que je ne peux rien faire. Elle a répondu, non, pas de trace d'hésitation et encore moins de panique. J'en conclus que c'est une habituée. Génial, j'avais absolument besoin de ça. Je m'apprête à riposter -parce qu'elle dit qu'elle n'a fait que passer alors que je l'ai vue s'arrêter, c'est encore suspect- mais elle continue son chemin. Comme si cette jeune fille allait s'en tirer comme ça ! Encore une fois, je dois donc l'arrêter dans sa marche, et je perçois bien l'agacement sur son visage. Très bien, si elle veut jouer à ça, moi aussi, je suis assez doué dans les expressions de visage. Mais ça m'énerve !
- Je suis navré de vous dire ça, mais je sais que vous m'avez volé ma sacoche. C'est assez inutile de nier, et ne jouez pas à m'énerver. Maintenant, rendez moi mes affaires et on n'en parle plus. Je suis tendu. Une partie de moi se dit que je me suis peut-être trompé et que je dois avoir l'air vraiment très con. Que la fille va me prendre pour une folle. Mais c'est impossible !
- C'est assez énervant, miss, de voir des gens comme ça, qui nuisent à autrui et qui les prennent pour des débiles. Je ne suis pas idiot, je vois bien que vous cachez quelque chose dans votre veste, et je vous ai vu ranger quelque chose dans votre poche. Est ce dans vos habitudes de croire que le monde est aveugle ?

Je pensais qu'il allait me laisser tranquille, mais non, il continua à m'agacer. Il me coupa encore la route ce qui me fit rouler des yeux. Il évoqua bien sûr la sacoche, mais aussi le fait que j'avais rangé quelque chose dans ma poche. Impossible qu'il m'ait vu sortir le portefeuille pour le mettre dans ma poche intérieure puisque tout s'était déroulé sous ma veste. Je n'avais pas grande inquiétude à ce niveau là. Cependant, lasse, je lui balançais sa sacoche.

- Tenez, votre sacoche. Et ce que j'ai mis dans ma poche c'est mon téléphone, la sacoche était vide quand je l'ai ramassée.

Le fait que le voleur soit parti en courant après avoir dérobé le portefeuille était une piste tout à fait crédible. Je continuais ma route, beaucoup plus agacée, et s'il continuait à me suivre ma main irait droit dans sa face, et si ça ne suffisait pas je ferais une scène. Ca ne se fait pas de harceler une fille, après tout...

J'ai soupiré puis arboré un air satisfait quand la jeune fille m'a rendu ma sacoche, mais je soupçonnais qu'il n'y avait pas ce qu'il m'intéressait, vu comment elle avait été chiante c'etait bizarre qu'elle me la rende maintenant, quand on commence à mentir, on s'arrête pas au milieu, surtout que ça avait l'air d'une habituée. Et elle ne l'avait pas "ramassée". La sacoche était sur la table. Ça se voyait que c'était à moi ! Qu'elle était idiote. J'ai retenu ma colère, elle était déjà repartie, non mais, j'ai pour la troisième fois interrompu son chemin, ça donne une satisfaction d'être chiant.
- Vous allez rester là le temps que je vérifie que vous n'avez rien volé ! j'étais choqué par mon propre ton. J'avais conscience que je lui parlais comme à un chien, mais sérieux. J'ai inspecté le contenu de la sacoche. Il manquait mon portefeuille ! Putain, c'était la fille qui l'avait
- Rendez moi mon portefeuille ! Vous l'avez dans votre poche ! Putain de voleuse à la con !

Je commençais à m'impatienter, je comprenais encore pourquoi j'aimais les filles, les mecs étaient tous d'un naturel chiant ! Il me barra à nouveau la route et me parla comme un chien par dessus le marché. Il fouilla dans sa sacoche et bien entendu, n'y trouva pas son portefeuille. Normal puisqu'il était dans ma poche. Il commençait à m'énerver là. Il sortit les insultes en plus, pathétique... Ma main vola dans son visage pour lui infliger une baffe du revers, les phalanges des doigts faisant sans doute plus d'effet que la paume de la main. Il en garderait une belle trace sur la joue tiens !

- Foutez moi la paix ou je fais une scène !

Il était prévenu. Il y en avait des gens autour de nous qui pouvaient facilement le prendre pour un harceleur. Et dans cette situation on croyait plus facilement la fille que le mec. Et le temps que les gens le laissent tranquille, j'aurais déjà filé. Je n'avais pas l'intention de lui rendre son portefeuille. Il était beaucoup plus fort que moi, je ne pouvais pas le battre physiquement, je devais la jouer fine. Et une scène serait parfaite parce qu'en plus, peut-être que certains viendraient lui casser la gueule pour oser s'en prendre à une fille. C'était une remarque sexiste ça -ça laissait entendre que les filles ne savaient pas se défendre- mais quand il fallait, je m'en servais. Enfin, je me servais des hommes en général quoi. Je croisais alors les bras. Comment allait-il réagir à la baffe ?