Concert et rencontre. Feat Hope

concert & rencontre

Simone & Hope

Pour cesser de m'enliser dans mon malheur, le festival of fools était arrivé à point. Je sortais enfin pour me changer les idées et nous passions beaucoup de temps à rire avec mes amis proches. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la coutume annuelle, nous faisions le tour de la ville, buvant des verres, nous réjouissant devant des spectacles spontanés aux détours de ruelles. Nous aurions notre tour aussi, Sean et moi, car un de nos concerts était organisé le lendemain sur une petite scène sans prétention sur une petite place moins fréquentée. Nous n'étions pas assez connus pour cela. Mais cela n'avait jamais présenté le moindre problème pour nous. Nous n'avions jamais réellement cherché la popularité ni à nous faire signer dans le moindre label. Nous étions indépendant, même si maintenant nous avions quand même notre petit fanclub. Nous n'étions pas assez pop pour passer à la radio et trop calmes pour déchainer les internets. Le plus important c'était la musique.

Lors de la soirée, nous nous arrêtâmes à une scène plus grande, intéressés par le groupe qui jouait. Je n'étais pas particulièrement fan du métal symphonique mais la voix de la chanteuse m'avait interpellée, en effet, c'était la première fois que ce genre de musique parvenait à me toucher réellement. J'étais d'abord restée immobile à écouter et me laisser imprégner parce qu'ils avaient à m'apporter. Ils étaient énergiques et passionnés et ça avait quelque chose de salvateur. Puis mon enthousiasme avait monté en flèche et je m'étais laissée porter par l'adrénaline que provoquait l'instant.

Le concert fini, les gens se dispersent, et nous allons nous payer une bière, et nous avançons, à la recherche de la prochaine festivité à apprécier. Soudain dans la foule, j'aperçois le groupe que nous venons d'apprécier, d'abord hésitante je me dirige vers eux pour les féliciter. Mais la foule est encore excitée et un homme me bouscule, sans doute ivre, je trébuche et percute la chanteuse sans le vouloir. Sa bière se renverse sur sa robe et mon visage se défait : « Ho, pardon ! Je ne voulais pas ! Je... On vient de me bousculer et... Merde ! » Je m'affaire, sors un mouchoir en papier de mon sac et lui tend pour qu'elle puisse éponger le drame : « Je venais pour vous féliciter pour le concert et ... Vraiment vraiment désolée ! » Je la regarde, embarrassée.

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Simone & Hope

Si je m'étais tant plue à leur concert, ce n'était pas anodin, en effet. Il avait bien fallu que leur énergie me touche. Je trouve que ça se sent directement quand un groupe vient simplement pointer et signer sa présence avant de se barrer pour continuer à flamber la vie par les deux bout, mais ça se sent également quand le groupe aime être là, partager avec nous leur amour de la musique, la sensation que ça leur procure. Alors ça fait du bien, cette énergie se propage, les gens bougent, et vivent le délire des artiste à l'unisson. C'est ce que j'ai vécu cette fois, même si ce style de musique ne me touche pas de base.

Par contre, je me suis sentie si moindre vis à vis de la chanteuse avec sa voix chantante si forte, puissante et intense. Je me trouve dans un total autre registre, quelque chose de plus doux, calme et éraillé, alors comme toujours je me remets en question, avec ma petite voix presque fluette. Puis je me rappelle que moi aussi, je vis mes concert comme quelque chose de fort, d'intense, de plus grand que tout, de tellement important. La musique c'est ma vie, et même si nous ne sommes pareilles, j'éprouve le même amour pour elle que cette chanteuse face à moi.

Même si dans l'immédiat je ne réfléchis plus vraiment à la musique mais d'abord au fait que je viens peut-être d'abimer sa robe définitivement, ce que je ne souhaite pas, elle semble belle, elle ne doit pas être donnée. Alors je m'affaire, inquiète, m'excusant un milliard de fois, lançant à la jolie femme un regard profondément navré. « - Il n’y aucun problème. Cela arrive. Vous ne vous êtes pas fait mal, au moins ? »  Heureusement, elle semble indulgente et ne m'engueule pas comme du poisson pourris comme certaines divas pourraient très bien le faire. Je lui fais un sourire maladroit : « Non, pas du tout. Mais... Merci d'être aussi sympa, je comprendrais que ça vous énerve... »  J'ai vraiment de la chance que ce soit tombé sur elle et pas quelqu'un d'autre, pas sûre que ça se serait aussi bien passé. « - Je vous remercie. C’est gentil. J’espère que vous avez aimé. »  avait-elle repris sur le compliment que je voulais lui faire sur le concert : « Bien sûr ! Quelle énergie ! »  Je lui dédie un large sourire, sans doute un peu provoqué par la bière que j'ai également bue plus tôt. Je ne suis pas bourrée, mais la bière a juste permis à ce que je sois un peu plus détendue : « Je vous avoue que ce n'est pas le genre de métal que j'écoute d'habitude, mais j'ai adoré ! Vous avez un de ces trucs ! Et je ne parle même pas de votre voix... J'en ai des frissons rien qu'à y repenser ! »  Je ris légèrement en montrant mon bras où apparait une légère chaire de poule, effectivement. « Moi qui chante également, j'ai été bien remise à ma place ! »  Je plaisante bien sûr, c'était surtout pour la complimenter que je disais ça, je n'étais pas réellement sérieuse, je savais avoir mes capacité également.

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Simone & Hope

J'ai une grande relation avec la musique, quand j'étais adolescente je ne jurais que par le métal sous plusieurs de ses formes. Etant passionnée de films d'horreur depuis l'enfance, je n'ai pas tardé à tomber amoureuse de Rob Zombie notamment. Ce n'était pas pour rien que j'avais commencé la gratte à l'époque, pourtant le style de notre musique à Sean est moi est plutôt rock indépendant, quelque chose de plus calme qui se rapproche même parfois un peu de la pop. Pourtant je n'ai pas oublié mes amours de jeunesse, et rien de tel que les classiques. Le métal symphonique plaisait énormément à mon frère, mais malgré quelques mois à en écouter lors de mes 15-16 ans, j'avais fini par décrocher, n'y trouvant tout simplement pas l'étincelle qui me faisait réellement vibrer, bien que les voix de certains femmes m'étonnaient toujours. Enfin, jamais je n'aurais critiqué ce style, parce que pour moi il était tout aussi intéressant que les autres, juste qu'il me n'atteignait pas moi personnellement. Jusqu'à ce soir, à dire vrai, maintenant que j'avais vécu un réel concert, j'étais en tout cas emballée par ce que ce groupe avait eu à m'offrir.

Bien sûr, il avait été audacieux pour eux de se produire ici, en plein festival à Burlington, sachant que les gens étaient parfois fermés, mais cela avait été sympa de voir que les gens s'étaient prêtés au jeu et avaient apprécié le concert tout comme moi. «  - Il n’y a pas de raison, pour que je m’énerve. Ce n’est pas de votre faute. Le plus important, c’est que vous ne vous n’êtes pas fait mal. Ma robe. Un petit coup à la machine et elle sera propre. »  J'avais souris à ses mots, elle semblait bien compréhensive en tout cas, ça me rassurait. Je lui avais alors dit ce que j'avais pensé de leur concert, sans ménagement, j'y avais retransmis toute l'énergie que leur prestation m'avait transmise : « - Je vous remercie. Nous ne savions pas si notre concert allait plaire, vu que nous ne jouons pas devant nos fans. C’est un public nouveau pour nous. »  J'hochais la tête, je comprenais bien, je me doutais que ça avait du être un peu stressant de se confronter à ce public. « - Beaucoup de gens qui n’écoutaient pas notre musique, avant, ont aimé en nous écoutant. Il s’agit de metal symphonique. C’est moins brut que du metal pur. »  Je lui dédiais un large sourire : « En fait, justement, je suis un peu plus brute de décoffrage dans les goûts musicaux initiaux, mais je suis ravie de voir que le métal symphonique peut également me faire vibrer. »

J'ajoutais avec un air plus sérieux : « En vérité, je n'aime pas emprisonner mes goûts dans un seul style, j'aime bien découvrir ce que tout le monde peut avoir à m'offrir, c'est pourquoi je me suis arrêtée ici, d'ailleurs. »  A mon compliment sur sa voix, elle me répondit avec toujours la même classe que je commençais à lui connaître habituelle : « Je vous remercie, ce sont des années de pratique. Vous avez un groupe, vous aussi ? Au fait, je m’appelle Simone. »   Je répondis avec un large sourire et lui tendis la main : « Enchantée, je suis Hope. Ca fait quelques années que je suis dans un groupe, plus modeste bien sûr, mon meilleur ami et moi nous produisons sur des petits scènes ou dans des bars, l'ambiance y est sympa. Un jour, si ça vous dit.»  Je riais légèrement, comme si ça semblait impensable qu'un groupe de leur ampleur puisse vouloir voir un petit concert comme nous avions à offrir. Je n'en pouvais rien, je restais focalisée sur cette prestance qui se dégageait d'elle, elle avait un charisme dingue.

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Simone & Hope

J'avais l'habitude de fréquenter des métalleux, mais il fallait avouer que les métalleuses étaient plus rares, à croire que ces styles musicaux – oui parce que j'estimais que le métal en comptait plusieurs – attiraient davantage la gente masculine. C'était pourquoi j'étais heureuse de rencontrer une femme touchée par ce genre de musique, et qui en plus chantait aussi bien. J'étais ouverte d'esprit, quant à moi, attachée à bien des styles différents, aimant des choses particulièrement opposée parfois, mais c'était comme avec la variété de personne que j'avais trouvée intéressantes dans ma vie. J'aimais découvrir les gens, ils avaient tous quelque chose à m'apprendre et ce, peu importait le milieu dont ils provenaient. C'était pareil pour la musique, il y avait du bon et du mauvais dans tous les genres. Ou en tout cas des sonorités qui me touchaient plus que d'autres. Sans parler des textes. Pour moi ils étaient souvent d'une importance capitale. En effet, j'avais besoin que les paroles soient élaborées, bien que parfois une mélodie suffisait à me toucher – rien n'était plus beau que le gratté de guitare de Sean le soir, lorsque nous étions tous les deux. Mais je m'évertuais moi-même toujours à écrire les meilleurs textes possible, et heureusement j'avais la chance d'avoir une sorte d'inspiration divine pour cela. Les mots jaillissaient généralement tout seul sur les compositions de Sean. J'aimais parler de ce qui nous entourait, de la vie, du moi profond, de politique également – bien que les gens étaient plus hermétiques à ce genre de paroles. Des chansons d'amour aussi, de temps en temps, bien que pour cela je parlais de choses que je ne connaissais pas et ne voulais plus connaître de toute manière, bien que cela exerça malgré tout sur moi une sorte de fascination malsaine.

Bref, j'avais trouvé dans les textes de Simone quelque chose qui me touchait réellement, ce n'était pas superficiel, ce n'était pas creux, et je ressentais que chaque mot prononcé de sa voix forte avait une réelle valeur pour elle. Et au delà de leur musique, c'était aussi ça qui m'avait interpellée. Je ne savais pas si le public avait réellement fait attention aux paroles, il fallait dire que nous étions dans le cadre d'un festival gratuit, les gens n'étaient pas nécessairement dans le contexte nécessaire, mais en tout cas moi, tout cela m'avait frappée. Simone semble enthousiaste à l'idée que les gens aient été néanmoins ouvert à ce qu'ils avaient à offrir, et c'était beau à voir. J'aimais les gens qui savaient encore apprécier la scène et ne pas venir pour « pointer ». C'était ce qui me faisait peur dans l'idée d'avancer dans l'aventure, je ne voulais pas être une vendue, quitte à faire caissière toute ma vie pour rester fidèle à mes idées. Elle semble intéressée à l'idée de savoir que j'écoute du métal : « - Oh qu’est ce que vous écoutez come metal ? Personnellement, je suis plus dans le metal symphonique, power metal. J’adore Opeth, Nightwish et Lacuna Coil. Je ne sais pas si vous connaissez ? » Ce à quoi je réponds directement, avec énergie :« Ouii, évidemment, je connais tout ça ! J'aimais beaucoup Within Tempation, ado. Pour Opeth, je les adore, les concepts de leurs albums sont juste super intéressants et inspirant, je trouve ! Sinon j'écoute Queens of the Stone Age, Clutch, Dropkick Murphy's, etc, un tout autre genre quoi... »

Quand elle apprend que j'ai un groupe avec Sean, Simone réagit en riant, ce qui me fait hausser les sourcils de surprise avant qu'elle m'éclaire : «  Votre musique est dans quel genre de musique. Désolé d’avoir ri, mais j’ai moi aussi crée mon groupe avec mon meilleur ami, qui est là bas. Cela me rappelle de bons souvenirs. » Je souris à ses mots :  « Ah bon ? Ca fait combien de temps que vous faite de la musique comme ça ? Nous, nous sommes plutôt rock, et on n'est qu'à deux, deux guitares sèches, à l'ancienne. » Je ris puis lui fait un large sourire à ses mots suivants : « Oui, avec mes frères, nous passerons vous voir avec votre groupe. J’aimerais entendre votre voix. » « Yeah ! Génial ! On tâchera de vous rendre le bon moment que vous nous avez fait passer ! » Je regarde autour de nous et repère un stand pour nous abreuver : « Venez, je vous offre un verre, Simone ! Une rencontre pareille vaut bien que l'on trinque ! » Je lui souris et avance avec elle vers le stand.

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Simone & Hope

Parfois je rêve la vie en grand, je nous imagines, Sean et moi, peut-être avec un ou deux membres en plus, histoire de rameuter plus de monde et savoir animer une grande salle. Je rêve de grandes scènes ou pouvoir m'agiter, me secouer, sauter et partager mon énergie avec un public qui ne vit que par nous. Même si nous avons notre succès ici, dans cette ville, nos concerts sont intimistes et tout le monde ne vient pas toujours dans les bars uniquement pour nous voir. Nous en avons bien sûr conscience. Mais si nous n'avançons pas davantage, c'est aussi parce que nous aimons cette énergie dans les pubs, cette sensation d'être accessible et de pouvoir directement parler avec nos spectateurs après notre concert fini. Mais ces derniers temps, nous commençons à voir plus grand, le fait est que nous ne sommes pas très riche et que nos jobs sont importants pour nous, en général je trouve toujours de quoi remplir mes poches, mais si je me consacre uniquement à la musique, je ne sais pas si nous survivrons longtemps. Sean a désormais Léo à sa charge, nous ne pouvons plus nous permettre de risquer trop nos gagne-pain. Quand je pense comme ça, je me rends compte à quel point nous passons pour un couple, parfois, mais il faut rappeler aussi que je suis sans domicile fixe actuellement, et que je passe la plupart du temps chez lui, cela force à se sentir impliquée dans sa vie de famille.

Quand je rencontre des personnes comme Simone, j'ai l'impression de ne pas être assez audacieuse. En réalité, il s'agit surtout d'un manque de confiance en moi que mes proches n'arrêtent pas de me reprocher. J'aimerais être rock'n'roll jusqu'au bout, vivre de ma passion, me consumer entièrement. Je pense que je réfléchis trop et que cette faiblesse m'empêche d'agir. Mais là n'est pas le sujet, et je ne devrais de nouveau pas penser à tout ça maintenant et juste m'enrichir de l'expérience de mon ainée.

« - J’aime aussi les albums d’Opeth, ils m’inspirent beaucoup. J’aime bien aussi Dropkick Murphy's. En tout cas, je suis ravie de discuter musique avec une femme. Je suis toujours entourée que d’hommes. C’est compliqué par moment. » J'avais souris. C'était vrai que dans notre milieu, nous étions forcée d'être entourées d'hommes, c'était ainsi, et puis, personnellement, j'avouais sans honte préférer la sincérité masculine aux coups de pied sous la table des femmes. Mais parfois il était aussi agréable de trouver une présence féminine, il y avait bien des choses que les hommes ne pouvaient définitivement pas comprendre. « Je peux comprendre ! » Nous nous étions dirigées vers le bar, tandis qu'elle me disait faire de la musique depuis 14 ans. « 14 ans, ouahou, c'est impressionnant ! » Je n'arrivais pas à définir son âge, c'était la magie de certaines chanteuses de métal, à croire qu'elles invoquaient le démon pour conserver une jeunesse éternelle – je gardais bien cette blague pour moi, ne sachant pas comment elle aurait pu réagir, bien que je souriais intérieurement à cette idée. « - Je me souviens de nos débuts. Nos concerts étaient dans des petites salles. C’était vraiment intimiste. J’adorais cette ambiance, qu’hélas nous n’avons plus. » Je souriais, buvant une gorgée de ma bière qu'on venait de nous servir après commande. « J'imagine que ça ne doit plus être trop possible de retrouver cette proximité avec le public maintenant que vous êtes si connus. Pour ma part, j'adore bien sûr cette énergie, même si j'avoue parfois avoir des désirs de grandeurs, de salles vastes. L'énergie qui s'y dégage doit être géniale, ça doit tellement être grisant de partager un tel truc avec autant de personnes en même temps ! Dommage qu'il ne puisse pas vraiment y avoir de compromis entre les deux... » Je souriais et regardais autour de moi pour vérifier que mes amis n'étaient pas trop loin. Je regardais à nouveau Simone et osait finalement lui demander : « Au fait, vous avez quel âge ? Ce n'est pas trop dur la vie de famille dans un contexte pareil ? » Je me demandais si c'était possible de concilier les deux, j'imaginais un bout d'espoir quelque part, mais je savais que je me faisais de parfaites illusions.

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Simone & Hope

Le problème avec les femmes de mon âge, c'était souvent que je n'avais pas grand chose à leur dire. Pendant les temps de midi, au supermarché où je travaillais, cela parlait mec, maquillage et enfant entre les caissières. Moi qui n'était pas fille à me stabiliser, c'était difficile pour moi de comprendre leurs problèmes de mecs et d'enfants, et pour ce qu'il s'agissait du maquillage, j'avais beau être impeccablement maquillée la plupart du temps, ce n'était pas pour autant que j'aimais partager les marques de mes mascaras ou les couleurs de mes rouge à lèvre. Pour le reste il ne s'agissait que de rumeurs à faire courir sur le dos d'autres filles, et de papotages sans substance. Je tentais parfois quelques réflexions, juste pour m'intégrer, mais en vrai leurs conversations me passaient complètement au dessus de la tête. Alors oui, je préférais parler avec des mecs, ils étaient généralement beaucoup moi superficiels, et quand ils pensaient quelque choses ils allaient à l'essentiel. Ils supportaient généralement mon humour graveleux et mon caractère de chiotte, et c'était très bien ainsi.

Si toutes les femmes avaient été comme Simone, peut-être que j'aurais eu davantage foi en l'humanité. En plus d'être canon, elle semblait intelligente, elle parlait bien et en imposait grave, en plus de chanter super bien. Elle avait tout pour me plaire quoi. Et visiblement, elle pensait la même chose parce qu'elle m'avait naturellement suivie quand je lui avais proposé un verre, ce qui m'avait évidemment vraiment fait plaisir. Quand je la regarde, je vois une femme qui a du vécu mais qui a tenu le coup et qui garde la tête haute, j'espère pouvoir donner cette impression là à quelqu'un un jour. Parce que parfois je me bloque l'avenir à cause du passé et que j'en ai terriblement conscience. Depuis que je me suis réveillée à côté de Jake ce matin là, à 17 ans, j'ai laissé une part de moi-même derrière fois décisive pour toutes les décisions que je prends à présent. Si j'ai la volonté, parfois j'ai trop mal et je dérape. Alors oui, je m'instruis auprès de personnes riches comme Simone pour pouvoir me dépasser toujours plus dans ce que j'entreprends.

« - Oui, nous avons commencé assez tôt. J’étais encore une adolescente. » a-t-elle dit quand je faisais part de mes impressions quant à la durée de sa carrière. L'air de rien, moi aussi je chantais depuis longtemps, mais c'était seulement maintenant que les choses sérieuses se mettaient en place. Et j'en étais très satisfaite. Nous avions pris le temps de nous connaître et de connaître la musique que nous voulions donner à la face du monde. « - Oui c’est vrai. C’est impressionnant de jouer devant un grand public. Nous avons joués dans des grandes salles. Plus nous devenons connus, plus nous jouons des shows immenses. Nos shows en France ont toujours été grands. L’an dernier, nous avons joué à l’Olympia et nous avons joués complet. Nos fans ont été là et ont joués en osmose avec nous. Un moment inoubliable et intense. » Je la regarde, passionnée par ce qu'elle me raconte. Je rêve de ressentir une telle symbiose avec un public un jour. Ces moments que l'on appelle les moments de grâce sont ceux qui nous portent tous les jours quand la vie est moins clémentes. J'ai eu quelques moments de grâce dans ma vie. Mais jamais encore un pareil. Simone baissa les yeux, au moment où je lui parlais de vie de famille, visiblement se plongeant dans ses pensées, touchant ses côtés sans que je comprenne pourquoi. « - J’a trente et un an. Et toi ? Je n’ai pas d’enfants donc pas vraiment de vie de famille. Mes frères sont mes frères de cœur, par de sang. Ce sont mes meilleurs amis et au final c’est eux ma famille. » Je répondis, un peu embarassée, passant une main au creux de ma nuque : « Je suis désolée, j'espère que je ne pose pas de questions trop personnelles, n'hésite pas à m'envoyer chier si à un moment j'en demande trop. Je sais que j'ai tendance à vite mettre les pieds dans le plat... » Je souris finalement : « Mais je comprends ce que tu veux dire, Sean, mon meilleur ami, c'est un peu lui qui m'a remise debout, il fait que je garde la tête haute et que je continue d'avancer tous les jours. C'est un peu le grand frère dont j'avais besoin. Mais je ne lui dis pas trop, après il prend la grosse tête. » Je ris, pleine d'affection pour lui. Sa petite tête manquerait trop à ma vie, s'il venait à en disparaître.