Shayleen - C'est pour la bonne cause Mesdames

Une œuvre de charité. Oui, j’ai voulu être sympathique et donner de ma personne. Ma générosité me perdra ! Mais surtout, si j’avais mieux lu l’invitation, si je m’étais renseigné et si… Je n’en serais sûrement pas là, à poser comme un mannequin derrière une sorte de vitre en plastique. D’autres hommes sont à côté de moi, présent pour la bonne cause eux aussi. Qu’est-ce qui m’a pris sérieusement ? J’ai eu envie de reculer lorsqu’on m’a enfin expliqué, mais je n’ai vraiment pas osé, pensant à ces enfants qui seront soignés dans la nouvelle aile de l’hôpital qui sera créée grâce à cette soirée.

Le pire de tout ? C’est lorsqu’on nous demande d’ôter le smoking pour se mettre en boxer. Autant dire que je ne suis pas quelqu’un de particulièrement pudique en temps normal mais là tout de suite… Avec ces femmes qui nous regardent pour certaines, comme des morceaux de viande, je ne me sens pas vraiment à mon aise. Néanmoins, je m’exécute et tente de me prendre au jeu. Plus vite je serais « acheté » pour cette soirée et plus vite je pourrais sortir de cette cabine en plexiglace.

Une quinzaine de minutes plus tard, il semblerait que mon vœu ait été exhaussé puisque la personne en charge de la soirée m’indique que je peux me rhabiller et la rejoindre au comptoir, ce que je fais aussitôt, soulagé de pouvoir me vêtir de nouveau.

« Bonjour. »

Je dis enfin de mon plus charmant sourire lorsqu’on me présente l’acheteuse de la soirée.

Shayleen, c’est donc le nom de cette femme qui m’a acheté, car oui, c’est un peu comme cela que je vois les choses. Je la regarde et je me demande ce qui l’a poussé à payer pour passer un peu de temps en ma compagnie. Elle est absolument charmante et je suis persuadé qu’elle aurait pu trouver un homme avec qui passer la soirée sans avoir recours à cette vente étrange. Peut-être est-elle tout simplement comme moi, présente pour la bonne cause. « Je m’appelle Willow et je n’ai pas spécialement de diminutif. » Je me mets à rire en lui faisant la bise. Allez savoir pourquoi, une poignée de main m’a semblé un peu trop formelle pour l’occasion. « Merci de m’avoir choisi. » J’ajoute avec un grand sourire. « Par simple curiosité, est-ce que vous me diriez combien est-ce que vous avez dû dépenser pour m’avoir ? » C’est plus une plaisanterie qu’autre chose, même si mon égo d’homme a quand même bien envie de savoir si j’avais beaucoup de prétendantes ou juste quelques une, voir une seule. C’est toujours plaisant de séduire, cela me semble naturel. Mais le plus important dans tout cela, c’est que plus la somme sera élevée, plus l’aile de l’hôpital pourra être habilitée rapidement. « Je m’excuse si je suis un peu maladroit. Je n’ai vraiment pas l’habitude de ce genre de soirée. Et j’avoue que je ne pensais pas être un jour si heureux de pouvoir enfiler des vêtements. » Il faut dire que se sentir nu devant un public assez nombreux est quelque peu déstabilisant. J’en profite alors pour remettre en place ma veste, légèrement froissée par toute cette agitation. « Qu’est-ce que vous souhaitez faire du temps acheté ? » Je lui demande bientôt, à moins qu’elle n’ait pas du tout envie de continuer en ma compagnie, ce que je pourrais éventuellement comprendre. « Ils ont organisé des cours de cuisine et des cours de danse pour l’occasion. Mais on peut tout aussi bien sortir d’ici et aller où vous voudrez. » Il y a tellement d’options que je suis bien heureux de ne pas avoir à faire le choix moi-même, même si j’aurais sans aucun doute choisi la simplicité en restant dans les lieux. « Par contre, j’avoue ne pas être doué en plomberie, menuiserie ou tout travaux, si vous aviez prévu de profiter de ce temps pour rénover chez vous. » Petite blague, histoire de détendre l’atmosphère. J’ai entendu une femme parler de cela alors que j’étais encore derrière la vitre, d’où le fait que je le mentionne.