Je ne me comprends pas.... - Sebastian

Sebastian était sur un petit nuage, le genre à laisser planer quelque part loin, très loin du cadre dans lesquels les deux se trouvaient. Ce baiser avait un gout de première fois, et Sebastian se sentait vraiment comme un gamin face à son premier dilemme sentimentale. C'est fou ce qu'une fille pouvait être incompréhensible parfois. Mais c'était attirant de chercher à toujours se compliquer la vie, après tout. L'espèce était faite ainsi. Elle tombait d'abord sous le charme d'une enveloppe charnelle, puis vint l’intrusion à l’intérieur et le bordel que cela pouvait causer pour un esprit sain. " Alors je pars." Il s'éloigna en vitesse, ouvrit son casier et en sortit un casque. Lui qui venait de passer pour le pire enfoiré, se retourna sans grande pitié, mais avec appréhension quant à l'état de sa partenaire. Gagné d'un sourire quelque peu gêné, il enchaîna " Mais tu viens avec moi. ".
Un deuxième casque prenait la poussière à l’intérieur. C'était "officiellement" celui de sa fille, qui rentrait en moto avec lui à une époque pas si lointaine. Elle adorait ça. Il prit de l'autre main le second casque et le tendit à la brune. " A tes risques et périls." Il faut croire qu'il avait du mal à terminer ses phrases. Si Serena souhaitait de l'aventure, alors elle en aurait. En attente d'une réponse, Sebastian se concentrait sur les aiguilles en mouvement de l'horloge accrochée au mur. Trente secondes. Elle avait trente secondes pour prendre une véritable décision. Parce qu'il ne voulait pas attiser la curiosité de la commère professeur de philosophie qui allait bientôt venir prendre son mocha et débattre avec le duo durant des heures. Il ne voulait pas s’immiscer parmi la foule de lycéens excités de la fin de journée, avide de rumeurs en tout genre qui ici, s’avéreraient plus que vrai. Heureusement que la sortie des profs se trouvait à deux pas de la salle. Mais surtout, il voulait passer du temps avec Serena, encore et toujours. Discuter une bonne fois pour toute, remettre le couvert, vivre au jour le jour et perdre sa routine avec elle, et le plus tôt serait le mieux. Il comprendrait le refus de la jeune femme face à son attitude complètement odieuse mais, comme il est dit, l'espoir faisait vivre.

Rapidement, le brun prit Serena par la main et la tira à l’extérieur de la salle. En grands enfants, ils courraient dans les couloirs comme pour fuir la peste. Fuir les responsabilités. Fuir les mœurs. A l’extérieur, il encercla la jeune femme par la taille et l’amena vers un muret à l'abris des regards, non loin de sa moto avant de l'embrasser une énième fois. Mais ça, il ne s'en rendait même pas compte, parce que tout avait un goût de renouveau ces temps-ci. Fini les bons esprits, Sebastian avait bien le droit de jouer un peu avec le feu lui aussi. Il mit son casque et laissa faire sa partenaire, bien qu'il se devait vérifier si celui-ci tenait bien, un ancien réflexe. " Qu'est-ce qui te ferais plaisir ? " A savoir, quelle destination avait-elle choisi ? C'était la moindre des choses de lui laisser le choix quand lui, n'avait qu'à tenir un guidon.
L'adrénaline, la vitesse, le vent heurtant les bras et cette forme de toute-puissance qu'il pensait détenir. C'était fou le plaisir qu'un engin pouvait procurer.. Encore plus quand le corps était sous l'emprise d'un autre corps, les mains s'agrippant bien à la taille et la tête collée au dos. Serena avait bien compris le concept. Qui sait, peut-être était-elle déjà monté sur une moto ? Dans tout les cas, Sebastian était visiblement très satisfait. Il avait fait n'importe quoi durant l'année qui s'était écoulé. Certainement que son admiration pour la brune n'était qu'un état passager qui s'ajoutait à la liste. Il ne voulait pas le savoir car tout était devenu beau autour de lui. Le paysage, la route. Serena restait tout de même la pièce maîtresse du tableau.
Il vivait le moment présent sereinement. Cette fille le rendait fou. Lui, qui se lamentait, tiraillé sur ses actes, lui qui pensait constamment à son devenir en vrai solitaire, lui qui avait véritablement tout perdu, ou presque. Il profitait du moment qui se devait dans tout les cas furtif, car un jour ou l'autre, Serena prendrait la fuite, le laissant comme la cause perdue qu'il n'avait jamais cessé d'être.
Arrivé à destination après un long tour, Sebastian ne pouvait défaire son regard de sa partenaire. Allez savoir pourquoi il la voyait comme une véritable enchanteresse.

Effectivement, il n'y avait pas un chat. La vue était dégagée, presque aussi belle que l'escalier de secours qui restait une référence dans le domaine. Mais ici, ils n'allaient pas être dérangé. Ce silence, ce vent, tout était mis en oeuvre pour que le temps s’arrête. Serena s'était blotti contre lui, un peu tremblante. Un léger frisson avait aussi parcouru le trentenaire qui avait posé son menton sur la tête de la brune, les yeux toujours rivés sur l'horizon. Ils ne faisaient plus qu'un. Et même si cette fusion s’apparentait à n'être que pure physique, Sebastian ne pouvait pas nier l'alchimie qui rodait autour d'eux. " Je vais signer ces foutus papiers. ". Il avait pensé trop fort, mais il ne regrettait pas. Peut-être n'était-ce que le bonheur de se sentir proche d'elle, de ne pas la voir comme une tierce personne. En vérité, à chaque fois que Serena se retrouvait à proximité, il oubliait sa femme. Et quand bien même celle-ci devait pointer le bout de son nez dans son crâne, c'était surtout pour la faire s'éloigner encore plus. Parce qu'on oublie pas seize ans de relations en claquant des doigts, certes. Mais Sebastian le savait : Il n'avait plus rien à prouver. Il n'avait plus aucun filtres non plus avec Serena. C'était elle, seulement elle. Et il se devait d'avancer. Seulement, aussi rapidement, ce n'était pas du jeu et qui plus est, pas forcément sérieux. Parce que si Sebastian ne prenait déjà pas bien de lui, comment allait-il pouvoir prendre soin d'elle ? Qu'est-ce qu'il allait bien lui offrir ? Elle avait envoyé des tonnes de signaux qu'il avait tout bonnement rejeté. Personne n'était préparé à ça et surtout pas lui. Il s'assit sur une roche lisse, invitant d'un signe de main la jeune femme à en faire de même et à se poser sur lui, caressant ses cheveux, le regard toujours partagé entre l'horizon et cette partenaire qu'il désirait tant, trop. Le silence était d'or, mais Sebastian n'avait pas dit son dernier mot. Il n'avait pas oublié le moment de la salle, ni les paroles de l'étudiante. Il n'oubliait généralement pas grand chose en ce qui la concernait. " Il m'arrive quelque fois d'avoir froid. A chaque fois, je suis persuadé que c'est mon frère qui revient me hanter, me dire d’arrêter de me comporter comme un con. Et Aujourd'hui, j'ai compris que c'était un peu différent. " Et si avec ça, Serena ne le prenait pas pour un fou, alors il aurait tout gagné. Parce que oui, Sebastian aussi frissonnait et pas à cause du vent d'automne, pas à cause du climat montagnard ou de la roche froide. Il passait juste un moment presque féerique, qui pouvait être aussi bien un doux rêve que sa plus grosse connerie. Il avait envie d'elle, entièrement, simplement.

Sebastian échappa un rire quelque peu nerveux. " J'aurais tendance à dire que ça vient de toi. " Simple, direct et efficace, mais peut-être trop mielleux, et ça, Sebastian n’appréciait, mais alors pas du tout, cette branche dans cette personnalité qu'il avait du mal à gérer. C'était un homme et plus un ado. Serena avait carte blanche pour se foutre ouvertement de lui sur ce coup. Pour ne pas arranger les choses, il commença à lui pincer légèrement les cotes, de sorte à la faire un peu sursauter, bien que pour la peine, il ne pouvait que fondre face à son rire tout à fait adorable. Au moins, elle avait pu un peu se décoller de son emprise, ce qui permit à Sebastian de lui volait un énième baiser. Il prit l'arrière de sa tête d'une main, histoire de la rapprocher encore plus. Instinctivement, il amena la jeune femme au sol, presque sur lui, ne pouvant se détacher de son emprise. Le sol avait beau être froid, voir gelé, le moment en lui-même le réchauffait déjà bien. " Je n'ai pas voulu m’énerver tout à l'heure. Ta question m'a fait perdre tout les moyens, parce que je ne pouvais tout simplement pas y répondre." Et c'était toujours le cas à ce moment-là. Mais Sebastian s'excusait surtout de sa réaction, sans forcément vouloir ramener le sujet sur le tapis une nouvelle fois. " Tu te sens comment, toi ?"

Sebastian n'avait pas eu gain de cause ce coup-ci. Il se tût à la demande de Serena, tel un petit garçon sermonné. Evidemment, sans omettre d'afficher une mine boudeuse, parce qu'il tenait tout de même à avoir sa réponse, un jour ou l'autre. La patience est une vertu, dit-on. Serena avait cette fois-ci prit les devants, de manière brute et totalement décomplexée. Sebastian se retrouvait déjà mieux dans ce sens. Elle s'était appuyé sur lui, leurs corps frottant à travers les tissus malgré une position plus qu'inconfortable, enfin, du point de vue de Sebastian. Mais il appréciait tout autant le cadre que la compagnie qui s'accordaient bien. Parce que tout était sauvage ici. Absolument tout. Il guida les mains de sa partenaire sur son corps et en fit de même avec les siennes. Au fur et à mesure, tout devenait plus rythmé et harmonieux. Pourquoi l'ouvrir si les corps parlaient à leurs places à vrai dire ? Il ne voulait pas que ça se finisse, il ne pouvait pas non plus. Serena ne chômait pas non plus dans ses agissements, à un stade où Sebastian avait complètement oublié l'âge encore précoce de la brune, bien que le plus gros problème ne venait pas de là.
Il profita d'une petite pause pour sortir une cigarette de son étui caché dans la poche de sa veste, en proposa naturellement une à Serena, l'alluma et se remit dans sa position initiale. Il invita la jeune femme à se coucher à ses côtés, et, yeux rivés vers le ciel, il suivait la fumée se mélanger à la buée. Il était littéralement sur son petit nuage, avec son ange gardien à ses côtés pour le contrôler mieux. Car Serena avait eût un effet tellement bénéfique sur lui ces quatre derniers jours, que ça en devenait presque chimérique. Il attendait qu'elle prenne l'initiative de la parole, lui qui se surprenait à vouloir être bavard. Mais en attendant, il respectait ses envies à la lettre. Il lui caressait les cheveux, les bras, l'embrasser dès que l'envie était plus forte que de raison.. une tonne de marques d'affections, quelque chose qu'il se sentait incapable de faire encore la veille. Elle ne pouvait tout simplement pas se détacher de son étreinte.

Coup de massue. Il avait pourtant abandonné l'idée de revenir sur le sujet, à la demande même de la jeune femme mais celle-ci semblait tout aussi indécise que lui. Un point commun en plus. Il se redressa, regardant ses yeux quelque peu troublé. Les mots lui manquaient. " Je suis pas l'amant idéal tu sais ?" Balbutia-t-il après quelques secondes. Pourtant, il n'avait aucun gramme d'alcool dans le sang. Pas un seul verre, juste une véritable joie qu'il se gardait d'afficher avec grande difficulté. " T'aurais du fuir en lisant mes messages. Se retrouver sur une falaise à avouer nos attaches, c'était pas le plan." Admit-il avec un léger sourire. C'est vrai, il avait été sans filtre dans les textos qu'il envoyait à sa partenaire : Ses filles, son frère, sa relation extra-conjugale. Quelque chose qu'il avait fait avec une très grande facilité, à son plus grand étonnement. Et pourtant, elle était resté. Peut-être n'était-ce qu'un jeu de sa part, mais qu'importe, Sebastian aimait vivre au jour le jour visiblement. Il prit la tête de la jeune femme entre ses mains et lui offrit son baiser le plus passionné. " Toi et moi contre le reste, cap ou pas cap ?"