Je ne me comprends pas.... - Sebastian

Il savait ce que Serena avait vécu avec son père. Réentendre cette allusion lui faisait mal. Il avait l'impression d'avoir pris la place de cet homme qui passerait pour une ordure au nom de la société. Serena avait l'âge de sa dernière quand son père est parti. Il supposait bien que le blocage que faisait la jeune femme venait de là. Il pensait à Lyla, au fait que, même s'il ne l'avait pas abandonné, il se devait de répondre un jour à ces questions embarrassantes qu'elle allait être amenée à lui poser dans un temps court, pourquoi papa n'est plus à la maison, pourquoi papa s’énerve constamment sur Maya, pourquoi, pourquoi.  La suite du discours de la jeune femme n'arrangea pas les choses même si Sebastian eût gain d'une légère boule au ventre. Un sourire se dessina lentement sur son visage. " Alors comme ça, tu as peur de me perdre ?" Rajouta-t-il après un long silence, la jeune femme s'étant blottie sur lui. Il lui caressa les cheveux en attente d'une possible réponse. Lui, dont le sourire ne s'était pas envolé, vivait sur son petit nuage. Quel égoïsme de penser à ses propres intérêts, au fait de se sentir utile pour une personne alors que Serena se sentait mal et complètement perdue. Il regretta sa question, de peur qu'elle ne réagisse mal mais il voulait savoir malgré tout jusqu'où pouvait aller la réciprocité de cette relation. Parce que, de son côté, il ne s'était probablement jamais senti aussi bien sur un court laps de temps au bras d'une femme. Quatre jours. Il lui avait fallut quatre jours et une ribambelle de messages pour s'y attacher pleinement. Peut-être que le destin voulait qu'il se reprenne en main, peut-être qu'il le voulait indirectement, mais seulement avec Serena. " Si ça peut te conforter, moi aussi. " lâcha-t-il finalement.

Sebastian avait l'impression de se retrouver en pleine centrifuge. Il avait écouté sans broncher sa partenaire, les yeux rivés sur le plafond, l'esprit tourbillonnant. Avec quelques verres, il lui aurait probablement chanté du Barry White en guise de réponse mais il se tut. Il était tellement heureux et il espérait intérieurement que sa partenaire ne lève pas les yeux en sa direction, de peur de perdre tout ses moyens. Sebastian était tiraillé entre une véritable joie et une peur incontrôlé. Évidemment, il tenait à se compliquer la vie. " Je ne passe pas des heures aux téléphones avec un plan q Serena. Je pensais que tu l'avais compris depuis longtemps. En fait, je pensais que c'était tout bonnement évident. " Il essayait de détendre l'atmosphère, lui qui s'était littéralement crispé. " Je tiens énormément à toi Serena. C'est pour ça que je veux que tu sois sûre et certaine de ne pas faire de connerie. Oui, tu peux soupirer, me traiter de gros lourd parce que la réalité est telle que tu es une gamine complètement paumée . Et je crois que... " Sebastian se stoppa net. Allait-Il vraiment faire cette connerie ? Le pire dans tout ça est qu'il pensait chacun de ses mots. Tous, un par un. Après un raclement de gorge, il reprit " J'ai besoin d'une clope. "

Oh la boulette, terrible boulette. Non seulement, il n'avait pas fini sa phrase comme il le souhaitait et en plus de ça, il remarqua que son attitude était telle qu'elle justifiait sans problème la réaction de Serena. D'abord étonné et bouche bée, Sebastian attendit le départ de sa partenaire visiblement vexé et furieuse pour taper de ses poings fermes le matelas. Bon, reprends toi. Après réflexion, il se leva rapidement du lit pour enfiler son boxer et partit en direction du salon. Il prit dans la veste de son blouson son paquet de cigarette ainsi que son briquet, tout en analysant la jeune femme qui semblait restée sur ses positions, assise en tailleurs, ingurgitant ses chips à une vitesse folle. Sebastian se retenait de rire, le moment étant vraiment mal venu. Il s'installa à côté de la brune et alluma sa cigarette à la vue du cendrier posé sur la table. Il ne détacha pas son regard de sa compère qu'il trouvait à ce moment là terriblement mignonne. La mine boudeuse lui allait bien. " Écoute, c'est vraiment pas ce que je voulais dire. Je suis désolé. " La méthode du pardon ne semblait pas être une réussite. Il se rapprocha d'elle, commença à toucher les points sensibles, pressa ses doigts autour de sa taille. Challenge risqué quand on sait que le couteau n'est qu'à proximité de la jeune femme. C'était à se demander qui était le gamin, mais Sebastian tenait vraiment à se faire pardonner. Il tira sur sa cigarette, la déposa sur le cendrier et ajouta " Je t'aime bien, voilà tout. " À comprendre qu'il était juste complètement fou d'elle, mais Sebastian ne voulait pas revenir sur le sujet. Observant la télévision en face, Sebastian reprit sa cigarette, se rapprocha de la jeune femme et chuchota " Manquerait plus qu'à finir la soirée devant Bridget Jones. ". Il mit sa main dans le paquet et piqua deux-trois chips, toujours à l'affût d'une quelconque réaction de sa partenaire. Quand bien même elle devait le trouver complétement gamin et immature, ce n'etait pas l'intention qui manquait.

Sebastian n'avait pas bougé d'un poil. Serena était impressionnante quand elle s'énervait. Un vrai bout de femme qui ne se laissait pas faire visiblement. Et plus la voix haussait, plus le brun se surprenait à la dévorer des yeux. Il avait bloqué sur sa déclaration. Il était effrayé, heureux, surexcité ou perdu, trop de ravages dans son cerveau, dans son corps tout entier qui se mettait presque à trembler. Faire le con ? Non, il n'allait pas lui donner cet énième plaisir. Pris de remords, il se leva et entoura de ses épaules larges sa partenaire qui semblait bien vouloir rester dos à lui. L'avait-il poussé à bout ? Probablement. Il se mit face à elle et prit sa tête entre ses mains, lui offrant un baiser qui portait en son oeuvre sa signification. Parce qu'il lui était impossible de prononcer ces mots. Totalement impossible. " Je ne sais pas quoi faire de plus. Si être en caleçon au milieu de ton salon te rends amoureuse de moi, alors imagine mon point de vue." Il laissa échapper un léger rictus, avant de replonger son regard dans le sien, bien plus sombre. " Je ne partirai pas. " Et si avec ça le message ne passait pas, alors Serena n'était vraiment pas prête à supporter Sebastian.

Sourire, quand tu nous tiens. Sebastian avait vraiment l'air d'un con face à Serena mais au moins, ses traits se sont adoucis. L'étape avait été franchi, rapidement certes, mais l'évidence était telle que le destin s'amusait vraiment trop à titiller le trentenaire. Apparement, s'en était de même pour Serena. Sebastian la croyait quand elle disait qu'elle n'était pas du genre à s'attacher. Elle lui avait montré une tonne de facettes en très peu de temps et son trouble borderline ne s'était jamais aussi bien vu. Oui, elle l'avait averti elle aussi. Comme quoi, ils en étaient rendus tout les deux à un nouveau point de départ. " Pourtant, on aurait pu vous confondre il y a encore deux minutes. " Bon, en brune, en plus belle, mais l'idée restait la même. Et aujourd'hui, il était là, lui. " Qu'est ce qu'on va leur dire ? " Comment rompre un baiser d'une manière complètement idiote. Cependant, Sebastian se posait vraiment la question en ce qui concernait ses filles et probablement quelques membres de la famille Hartwood. Quitte à tout extérioriser d'un coup. Ils n'en étaient plus à leur première précipitation de toute façon. Il embrassa de nouveau la jeune femme, laissant aller ses mains jusqu'au bas de son tshirt qu'il remonta doucement. " La pause a assez duré. "

Le sourire de la jeune femme valait ce qu'il valait. Timide, puis gigantesque, à l'image de celui de Sebastian. Un regard, et elle avait croqué la pomme, encore une fois. Le trentenaire n'était pas en reste non plus; il avait beau être préoccupé par sa question, il avait écouté la réponse de Serena sans rechigner. Ouais, tout était bien trop rapide et à trop vivre au jour le jour, ils allaient probablement finir par s'en mordre les doigts. Mais qu'avaient-ils à perdre ? D'un commun accord, ils avaient décidé de passer à l'étape supérieure. Parce que tout avait débuté intensément et la flamme ne semblait pas prête de s'éteindre. C'était dans la nature du trentenaire de jouer avec le feu. Ils avaient regagné la chambre à l'aveuglette, Sebastian poussant la porte d'un coup de bassin, déposant Serena sur le lit sans se dégager de son emprise, poussant un peu plus ardemment dans ses faits et gestes, t-shirt volant et complicité corporelle. Sebastian s'extasiait : Il n'avait pas ressenti de joie aussi intense depuis très longtemps. Young, wild and free : Il ne s'était jamais senti aussi prêt à s'assurer d'une seconde jeunesse.
L'une des plus belles nuits de sa vie s'était consumé lentement. Morphée avait prit place dans le lit tardivement et le réveil avait bel et bien piqué. Pas forcément par manque de sommeil, mais Sebastian se sentait vraiment bien avec Serena dans ses bras. Il aurait donné n'importe quoi pour ne pas aller travailler, le jour en valait vraiment la peine. Il regardait sa douce se réveiller avec grande peine, caressant sa crinière en douceur. Il se décala avec grande finesse, s'allongeant face à elle, les yeux rivés sur ce minois aux yeux clos et pour lequel il s'éprenait de plus en plus chaque seconde.